10-09-2020

Le PTB parle (dans "Socialisme 2.0") de "CHANGEMENT DE PARADIGME", je l'appelle plutôt "RÉVISIONISME"….

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J'ai écrit une première partie sur
le dogmatisme utilisé CONSCIENT pour développer le révisionnisme. Voici maintenant une deuxième partie.

Lors de son 8ème Congrès en 2008, le PTB s'est appelé “Parti communiste contemporain” et a déclaré: "Le PTB n'est pas un parti classique ou traditionnel. Nous souscrivons à un concept de parti du "nouveau type" ... " Le 8e congrès a également reconnu:"La vision du monde du PTB est le marxisme. La fondation a été posée par Karl Marx, Friedrich Engels et Vladimir Lénine."

Maintenant, si les soi-disant "marxistes" ou/et "communistes” développent leur ligne, ou font une analyse basée sur des morceaux de texte délibérément choisis chez Marx, Engels, Lénine,…. puis les sortent de leur contexte et créent ensuite leur "propre contexte" - sous la forme de PROPRES vues/propositions/positions où les morceaux de texte sélectionnés sous forme de citation ou de paraphrase de celui-ci "prouvent" ces propositions, alors je peut parler d'une "révision (de l'application du) marxisme"… donc du révisionnisme.

Ludo Martens a écrit sur le révisionnisme en 1996, alors président du PTB en Etudes Marxistes no 29, 1/3/1996, "Sur quelqes aspects de la lutte contre le révisionisme":

Après la destruction du socialisme en Union Soviétique et l'éclatement du pays de Lénine, tous les communistes doivent comprendre que le révisionisme est l'ennemi idéologique le plus dangereux du marxisme-léninisme. Le révisionisme représente bel et bien la bourgeoisie au sein du mouvement communiste.

En 1859, Marx a écrit son étude "Contribution à la critique de l'économie politique". Dans la "Préface" de ce livre, il y a une citation de Marx qui est souvent utilisée par les soi-disant "marxistes" et/ou "communistes" "en soi-même" (ainsi SORTI de son contexte - que je donnerai plus tard) pour le presenter comme le "matérialisme historique" analysant "la société capitaliste actuelle et son développement et la 'transition' vers le socialisme". Je pense que c'est un développement CONSCIENT du DOGMATISME, et que c'est donc du RÉVISIONISME.

Eh bien, cet révisionnisme Le PTB l'applique avec leur "vision"/"analyse" du "Socialisme 2.0" - dans le document du 9e congrès, 2015:


Lorsque le cadre dominant de pensée change en profondeur, on parle d’un changement de paradigme.(…)
Karl Marx et Friedrich Engels (..) ont fourni un autre cadre de pensée pour l’évolution de l’histoire humaine. Ils cherchaient à savoir comment, à travers l’histoire, une forme de société peut se transformer en une autre. Ils ont découvert que les gens se sont toujours organisés par rapport à la production : pour vivre, manger, se loger et se développer, les êtres humains doivent produire. Le développement des techniques et des compétences, de la science et de la connaissance, forme un moteur essentiel du progrès humain. L’autre moteur est l’action des hommes : les interactions sociales et la lutte sociale dans laquelle les gens s’engagent pour construire une société meilleure est capable d’utiliser de nouvelles perspectives et une meilleure connaissance de la production au bénéfice du progrès social. (….) ….le système économique dans lequel nous vivons n’est pas gouverné par des lois de la nature. Il est fait par des êtres humains. Il peut donc aussi être changé par des êtres humains. Les pharaons d’Égypte, les aristocrates d’Athènes, les empereurs chinois, les nobles du Moyen Âge, tous étaient persuadés que leur règne serait éternel et qu’aucune autre forme de société n’était possible. Jusqu’à ce que leur modèle soit menacé : par de nouveaux développements scientifiques et techniques, par de nouvelles possibilités de production et par des conceptions nouvelles. Jusqu’à ce que les tensions sociales deviennent telles que la forme de la société doive changer. Une nouvelle forme de société n’apparaît pas soudainement. Même le capitalisme a eu besoin d’une très longue période pour s’installer. Il y a eu les premières tentatives à Gênes et à Venise dans la deuxième moitié du 14 e siècle. Il y a eu le développement de relations capitalistes dans la Hollande et l’Angleterre du 16 e siècle. Ce n’est qu’après un long processus de conflits et de compromis avec le féodalisme usé que le capitalisme a vraiment pu s’imposer comme système politique au 19 e siècle. Le capitalisme n’a pas réussi ses premiers essais. Il faudrait donc être étroit d’esprit pour rejeter le socialisme parce qu’il n’a pas réussi lors de ses premières tentatives de construction. C’est un long processus historique, avec des hauts et des bas. Avec de belles réalisations, mais aussi avec de graves erreurs.(…)
Le capitalisme a eu ses mérites historiques, mais n’est plus en mesure d’offrir un avenir à l’humanité et à la nature. (…)
Nous avons aujourd’hui besoin d’un changement de paradigme, d’une autre manière de regarder le monde, l’homme et la nature : élargir l’horizon et regarder le monde d’une manière totalement différente. Nous sommes convaincus qu’un socialisme de notre temps, un socialisme 2.0, au 21 e siècle, devient non seulement possible, mais nécessaire. Un socialisme 2.0 à dimension humaine où sont garanties les choses qui comptent.(…)
Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux ; ils la font dans des conditions directement données et héritées du passé”, écrit Marx. Marx a pensé qu’un nouveau monde d’égalité allait arriver rapidement. Et certains marxistes après lui ont défendu un certain “déterminisme”, comme si le développement de la société allait conduire automatiquement à une nouvelle société socialiste. Ce n’est pas le cas. Pour un monde sans exploitation, il faut que la base matérielle soit mûre, mais en fin de compte c’est l’action humaine qui est décisive. L’action humaine est la force motrice de l’histoire. (…)
Le niveau des connaissances scientifiques et techniques, l’informatique et les télécommunications, les méthodes de production sophistiquées donnent à l’humanité des possibilités insoupçonnées d’organiser rationnellement la production. Tous les moyens sont à disposition pour accorder les forces productives1 aux besoins de la population tout en respectant les ressources naturelles et l’environnement.
L’économie du socialisme 2.0 est orientée vers la satisfaction des besoins.
La «valeur d’usage» des produits occupe une position centrale, contrairement au capitalisme où tout est au service de la «valeur d’échange».
On ne recherche que le développement nécessaire, social et durable.
Nous voulons éliminer les effets secondaires néfastes du processus de production (sur l’homme et la nature) sur le lieu de production même, dans l’acheminement (choix des produits, matières premières et transport...) et l’évacuation (recyclage ou destruction des déchets…) (…)
Sous le capitalisme, des personnes privées s’approprient le sol et le sous-sol et leur donnent une valeur marchande, alors qu’aux yeux de Marx, ils ne devraient avoir qu’une valeur d’usage. (…)
Pour Marx, au milieu du 19 e siècle, tout ceci était déjà un argument fort – à côté de l’argument social – pour préconiser une société socialiste, où “l’homme social, les producteurs associés, règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu’ils la contrôlent ensemble au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine.” (…)
Comment une société socialiste peut-elle concrétiser ses promesses de progrès social ?
En premier lieu, le socialisme 2.0 rend possible une véritable redistribution de la richesse mondiale. (…)
Secundo, le socialisme 2.0 entend surtout stimuler le développement des forces productives, de sorte que l’amélioration des conditions de vie et le progrès social puissent principalement se réaliser par une hausse de la productivité et de l’efficacité de l’appareil de production existant. Les améliorations de l’efficacité et les hausses de la productivité sont une alternative importante à la mise en place de toutes sortes de systèmes de production supplémentaires, souvent très gourmands en énergie. (…)
Dans une société socialiste, les trois mêmes branches du pouvoir d’État existent naturellement. Il y a des assemblées législatives, des tribunaux et des organes exécutifs. Mais sous le socialisme 2.0, le Parlement élu est l’organe suprême par rapport aux autres pouvoirs. Comme on l’a déjà dit, l’organe représentatif du peuple ne peut être dissous que par lui-même, pas par un président, ni par un gouvernement, ni par un juge d’une Cour suprême. (…)
Le but du socialisme 2.0 est une société sans classes, où chacun contribue selon ses possibilités, et qui peut répondre aux besoins de chacun. C’est une société comme elle devrait être, une société vraiment collective ou communiste. (…)
La classe des travailleurs au sens large est le cœur de notre action. Mais nous ne nous adressons pas seulement à cette classe. D’autres classes et couches sociales dans la société actuelle sont également confrontées à la domination des monopoles, des grands actionnaires et des rentiers. Nous parlons en premier lieu des couches inférieures de la classe moyenne indépendance et des agriculteurs.

Des couches importantes d’indépendants, de professions libérales, d’artistes et de créateurs sont touchées par la dépendance vis-à-vis des prêts bancaires, par les accords conclus entre les diverses entreprises monopolistes dans le commerce, par la concentration de la production, par la charge des impôts indirects et par le pouvoir d’achat en baisse de la population.

Cette “analyse” est essentiellement une “paraphrase” de Marx dans sa “citation” dans la Préface de “Contribution à la critique de l'économie politique” …. et ensuite utilisé sorti de son contexte:

Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s'élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur être; c'est inversement leur être social qui détermine leur conscience. À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n'en est que l'expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues jusqu'alors. De formes de développement des forces productives qu'ils étaient ces rapports en deviennent des entraves. Alors s'ouvre une époque de révolution sociale. Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l'énorme superstructure. Lorsqu'on considère de tels bouleversements, il faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel - qu'on peut constater d'une manière scientifiquement rigoureuse - des conditions de production économiques et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le mènent jusqu'au bout. Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de bouleversement sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports de production. Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu'elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s'y substituent avant que les conditions d'existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société. C'est pourquoi l'humanité ne se pose jamais que des problèmes qu'elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir.

Le dogmatisme au lieu de “l'application du marxisme”

Ceci ce n'est pas une application du marxisme, mais du dogmatisme. "Mais, direz-vous, si ce que dit Marx est correct, alors l'analyse du PTB est également correcte?" Eh bien, j'y reviendrai plus tard.

Premièrement, au moins DEUX applications CONSCIENTES du dogmatisme…. et donc pour moi une expression de RÉVISIONISME.

Le PTB écrit:

Pour Marx, au milieu du 19 e siècle, tout ceci était déjà un argument fort – à côté de l’argument social – pour préconiser une société socialiste, où “l’homme social, les producteurs associés, règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu’ils la contrôlent ensemble au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine.” (et dans le version Néerlandais de “Socialisme 2.0 comme reference on donne “Le Capitale”)


Tout d'abord, c'est l'une des rares citations clairement délimitées par des guillemets, et où la RÉFÉRENCE (La Capitale) est clairement indiquée (mais donc seulement dans la version Néerlandais...). Mais ici aussi, en donnant une citation TENUE DE SON CONTEXTE, et en lui donnant sa propre signification. (= le dogmatisme se transforme en RÉVISIONISME ...)

Je n'ai pas (encore) pu trouver la citation LITTÉRALEMENT, mais SUGGÉRER que cette citation (et encore sous la forme d'une PARTIE de phrase vient bien du Capital, alors le contexte CRÉÉ par le PTB n'est PAS le contexte correcte (ce qui est le contexte VRAI, voir ci-dessous), mais un contexte FANTASÉ, “Marx qui préconise une société socialiste”.

Marx "n'a pas préconisé une société socialiste". NULLE PART Marx "a préconisé une société socialiste", mais a soutenu que le COMMUNISME DOIT venir sur la base de la destruction du capitalisme. Et le COMMUNISME rend POSSIBLEMENT ce qui n'était PAS possible sous le capitalisme énoncé de manière très générale (comme le dit alors la citation): “…. l’homme social, les producteurs associés, règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu’ils la contrôlent ensemble au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine.

La TROISIÈME forme d'application consciente du dogmatisme par le PVDA est celle où il cite Marx:

Le but du socialisme 2.0 est une société sans classes, où chacun contribue selon ses possibilités, et qui peut répondre aux besoins de chacun. C’est une société comme elle devrait être, une société vraiment collective ou communiste.

En effet, Marx dit dans Critique sur le programme de Gotha:

Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu l'asservissante subordination des individus à la division du travail et, avec elle, l'opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel; quand le travail ne sera pas seulement un moyen de vivre, mais deviendra lui-même le premier besoin vital; quand, avec le développement multiple des individus, les forces productives se seront accrues elles aussi et que toutes les sources de la richesse collective jailliront avec abondance, alors seulement l'horizon borné du droit bourgeois pourra être définitivement dépassé et la société pourra écrire sur ses drapeaux “De chacun selon ses capaci­tés, à chacun selon ses besoins !


Le PTB cite CONSCIENTEMENT SÉLECTIF,… et NIE, AUSSI CONSCIENTEMENT SÉLECTIF des passages en «Critique sur le programme Gotha»

Mais pourquoi, dans une analyse appelée SOCIALISME 2.0, ne cite-t-on pas Marx, du MÊME texte, avec ce qu'il dit… SUR LE SOCIALISME? ... Le socialisme dont LENIN (dans État et Révolution) dit:

Mais la différence scientifique entre socialisme et communisme est claire. Ce qu'on appelle communément socialisme, Marx l'a appelé la "première" phase ou phase inférieure de la société communiste. Dans la mesure où les moyens de production deviennent propriété commune, le mot "communiste" peut s'appliquer également ici, à condition de ne pas oublier que ce n'est pas le communisme intégral. Le grand mérite des explications de Marx est d'appliquer, là encore, de façon conséquente, la dialectique matérialiste, la théorie de l'évolution, et de considérer le communisme comme quelque chose qui se développe à partir du capitalisme. Au lieu de s'en tenir à des définitions "imaginées", scolastiques et artificielles, à de stériles querelles de mots (qu'est-ce que le socialisme ? qu'est-ce que le communisme ?), Marx analyse ce qu'on pourrait appeler les degrés de la maturité économique du communisme.


Bien, sur lequel on appelle normallement “socialisme”, Marx dit en Critique sur le Programme de Gotha:

Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l'Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat2.


Le PTB parle de “le cadre de pensée” et se concentre plus ou moins sur une paraphrase d'une citation générale de Marx…. Pourquoi le PTB ne réfere pas au “cadre de pensée” au “changement de paradigme” comme est formulé dans par exemple le Manifest du Parti communiste?


Le Manifeste du Parti Communiste ( K. Marx, F. Engels, 1848)

L'histoire de toute société jusqu'à nos jours 3 n'a été que l'histoire de luttes de classes.

Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande 4 et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte.
Dans les premières époques historiques, nous constatons presque partout une organisation complète de la société en classes distinctes, une échelle graduée de conditions sociales. Dans la Rome antique, nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves; au moyen âge, des seigneurs, des vassaux, des maîtres de corporation, des compagnons, des serfs et, de plus, dans chacune de ces classes, une hiérarchie particulière.
La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d'autrefois.
Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat.(…)
De toutes les classes qui, à l'heure présente, s'opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire.(…)
Toutes les classes qui, dans le passé, se sont emparées du pouvoir essayaient de consolider leur situation acquise en soumettant la société aux conditions qui leur assuraient leurs revenus propres. Les prolétaires ne peuvent se rendre maîtres des forces productives sociales qu'en abolissant leur propre mode d'appropriation d'aujourd'hui et, par suite, tout le mode d'appropriation en vigueur jusqu'à nos jours. Les prolétaires n'ont rien à sauvegarder qui leur appartienne, ils ont à détruire toute garantie privée, toute sécurité privée antérieure.
Tous les mouvements historiques ont été, jusqu'ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l'immense majorité au profit de l'immense majorité. Le prolétariat, couche inférieure de la société actuelle, ne peut se soulever, se redresser, sans faire sauter toute la superstructure des couches qui constituent la société officielle. (…)
L'existence et la domination de la classe bourgeoise ont pour condition essentielle l'accumulation de la richesse aux mains des particuliers, la formation et l'accroissement du Capital; la condition d'existence du capital, c'est le salariat. Le salariat repose exclusivement sur la concurrence des ouvriers entre eux. Le progrès de l' industrie, dont la bourgeoisie est l'agent sans volonté propre et sans résistance, substitue à l'isolement des ouvriers résultant de leur concurrence, leur union révolutionnaire par l'association. Ainsi, le développement de la grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur lequel elle a établi son système de production et d'appropriation. Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables. (…)
Les communistes ne se distinguent des autres partis ouvriers que sur deux points : 1. Dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat. 2. Dans les différentes phases que traverse la lutte entre prolétaires et bourgeois, ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité.
Pratiquement, les communistes sont donc la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui stimule toutes les autres; théoriquement, ils ont sur le reste du prolétariat l'avantage d'une intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien.
Le but immédiat des communistes est le même que celui de tous les partis ouvriers : constitution des prolétaires en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique par le prolétariat. (…)
Nous avons déjà vu plus haut que la première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie.
Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l'Etat, c'est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la quantité des forces productives.
Cela ne pourra naturellement se faire, au début, que par une violation despotique du droit de propriété et du régime bourgeois de production, c'est-à-dire par des mesures qui, économiquement, paraissent insuffisantes et insoutenables, mais qui, au cours du mouvement, se dépassent elles-mêmes et sont indispensables comme moyen de bouleverser le mode de production tout entier. (…)
En somme, les communistes appuient en tous pays tout mouvement révolutionnaire contre l'ordre social et politique existant.
Dans tous ces mouvements, ils mettent en avant la question de la propriété à quelque degré d'évolution qu'elle ait pu arriver, comme la question fondamentale du mouvement.
Enfin, les communistes travaillent à l'union et à l'entente des partis démocratiques de tous les pays.
Les communistes ne s'abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à l'idée d'une révolution communiste ! Les prolétaires n'y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner.
PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS !

La raison pour laquelle le PTB CONSCIENT et DÉLIBREMENT ne cite PAS Marx certains passagers du Critique du programme de Gotha est la même que la raison pour laquelle le PVDA ne cite pas (ou ne paraphrase pas) le Manifeste du Parti communiste et s'appuie sur la paraphrase ou la citations de passages/citations/parties SELECTIVES ou CHOISIS de textes de Marx.

Il est clair que c'est parce que le PTB ne veut plus parler du rôle de la LUTTE DE CLASSE, des intérêts OBJECTIFS de la classe ouvrière et de son rôle RÉVOLUTIONNAIRE, ... Et l'AVANTAGE d'une paraphrase de la citation de Marx de Préface de Contribution à la critique de l'économie politique, est que les mots "Classes" et "Luttes des Classes" n'apparaissent pas. Le «contexte» CRÉÉ (ici donc “créé” par le PTB) pour cette citation est que Marx donnerait ici l'essence de ce qu'est «l'application du matérialisme historique». Mais c'est tromperie et du mensonge, c'est du «révisionnisme»! Je vais le démontrer plus loin….


Le socialisme scientifique, le matérialisme historique n'est pas un “nouveau paradigme”. Le socialisme scientifique met fin à tous les paradigmes et à tous les changements de paradigme!

Friedrich Engels(1880), “Socialisme utopique et socialisme scientifique”,:
Mais tandis que le revirement dans la conception de la nature ne pouvait s'accomplir que dans la mesure où la recherche fournissait la quantité correspondante de connaissances positives, des faits historiques s'étaient déjà imposés beaucoup plus tôt, qui amenèrent un tournant décisif dans la conception de l'histoire. En 1831 avait eu lieu à Lyon la première insurrection ouvrière; de 1838 à 1842, le premier mouvement ouvrier national, celui des chartistes anglais, atteignait son point culminant. La lutte de classe entre le prolétariat et la bourgeoisie passait au premier plan de l'histoire des pays les plus avancés d'Europe, proportionnellement au développement de la grande industrie d'une part, de la domination politique nouvellement conquise par la bourgeoisie d'autre part. Les enseignements de l'économie bourgeoise sur l'identité des intérêts du capital et du travail, sur l'harmonie universelle et la prospérité universelle résultant de la libre concurrence, étaient démentis de façon de plus en plus brutale par les faits. Il n'était plus possible de réfuter tous ces faits, pas plus que le socialisme français et anglais qui, malgré toutes ses imperfections, en était l'expression théorique. Mais l'ancienne conception idéaliste de l'histoire qui n'était pas encore refoulée, ne connaissait pas de luttes de classe reposant sur des intérêts matériels, ni même, en général, d'intérêts matériels; la production et toutes les relations économiques n'y apparaissaient qu'à titre accessoire, comme éléments secondaires de l' “histoire de la civilisation”.
Les faits nouveaux obligèrent à soumettre toute l'histoire du passé à un nouvel examen et il apparut que toute histoire passée était l'histoire de luttes de classes, que ces classes sociales en lutte l'une contre l'autre sont toujours des produits des rapports de production et d'échange, en un mot des rapports économiques de leur époque; que, par conséquent, la structure économique de la société constitue chaque fois la base réelle qui permet, en dernière analyse, d'expliquer toute la superstructure des institutions juridiques et politiques, aussi bien que des idées religieuses, philosophiques et autres de chaque période historique.(….)
En conséquence, le socialisme n'apparaissait plus maintenant comme une découverte fortuite de tel ou tel esprit de génie, mais comme le produit nécessaire de la lutte de deux classes produites par l'histoire, le prolétariat et la bourgeoisie. Sa tâche ne consistait plus à fabriquer un système social aussi parfait que possible, mais à étudier le développement historique de l'économie qui avait engendré d'une façon nécessaire ces classes et leur antagonisme, et à découvrir dans la situation économique ainsi créée les moyens de résoudre le conflit.
Mais le socialisme antérieur était tout aussi incompatible avec cette conception matérialiste de l'histoire que la conception de la nature du matérialisme français l'était avec la dialectique et la science moderne de la nature. Certes, le socialisme antérieur critiquait le mode de production capitaliste existant et ses conséquences, mais il ne pouvait pas l'expliquer, ni par conséquent en venir à bout; il ne pouvait que le rejeter purement et simplement comme mauvais. Plus il s'emportait avec violence contre l'exploitation de la classe ouvrière qui en est inséparable, moins il était en mesure d'indiquer avec netteté en quoi consiste cette exploitation et quelle en est la source.
Le problème était, d'une part, de représenter ce mode de production capitaliste dans sa connexion historique et sa nécessité pour une période déterminée de l'histoire, avec par conséquent, la nécessité de sa chute, d'autre part, de mettre à nu aussi son caractère interne encore caché, la critique s'étant jusque-là jetée plutôt sur ses conséquences mauvaises que sur sa marche même.
C'est ce que fit la découverte de la plus-value. Il fut prouvé que l'appropriation de travail non payé est la forme fondamentale du mode de production capitaliste et de l'exploitation de l'ouvrier qui en résulte; que même lorsque le capitalisme paie la force de travail de son ouvrier à la pleine valeur qu'elle a sur le marché en tant que marchandise, il en tire pourtant plus de valeur qu'il n'en a payé pour elle; et que cette plus-value constitue, en dernière analyse, la somme de valeur d'où provient la masse de capital sans cesse croissante accumulée entre les mains des classes possédantes. La marche de la production capitaliste, aussi bien que de la production de capital, se trouvait expliquée.
Ces deux grandes découvertes: la conception matérialiste de l'histoire et la révélation du mystère de la production capitaliste au moyen de la plus-value, nous les devons à Marx.
C'est grâce à elles que le socialisme est devenu une science, qu'il s'agit maintenant d'élaborer dans tous ses détails.(….)
La scission de la société en une classe exploiteuse et une classe exploitée, en une classe dominante et une classe opprimée était une conséquence nécessaire du faible développement de la production dans le passé. Tant que le travail total de la société ne fournit qu'un rendement excédant à peine ce qui est nécessaire pour assurer strictement l'existence de tous, tant que le travail réclame donc tout ou presque tout le temps de la grande majorité des membres de la société, celle-ci se divise nécessairement en classes. À côté de cette grande majorité, exclusivement vouée à la corvée du travail, il se forme une classe libérée du travail directement productif, qui se charge des affaires communes de la société: direction du travail, affaires politiques, justice, science, beaux-arts, etc. C'est donc la loi de la division du travail qui est à la base de la division en classes. Cela n'empêche pas d'ailleurs que cette division en classes n'ait été accomplie par la violence et le vol, la ruse et la fraude, et que la classe dominante, une fois mise en selle, n'ait jamais manqué de consolider sa domination aux dépens de la classe travailleuse et de transformer la direction sociale en exploitation des masses. (…)
RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE.
- Résolution des contradictions: le prolétariat s'empare du pouvoir public et, en vertu de ce pouvoir, transforme les moyens de production sociaux qui échappent des mains de la bourgeoisie en propriété publique. Par cet acte, il libère les moyens de production de leur qualité antérieure de capital et donne à leur caractère social pleine liberté de s’imposer. Une production sociale suivant un plan prédéterminé est désormais possible. Le développement de la production fait de l’existence ultérieure de classes sociales diffèrentes un anachronisme. Dans la mesure où l’anarchie de la production sociale disparaît, l’autorité politique de l’État entre en sommeil. Les hommes, enfin maîtres de leur propre socialisation, deviennent aussi par là même, maîtres de la nature, maître d’eux-mêmes, libres.
Accomplir cet acte libérateur du monde, voilà la mission historique du prolétariat moderne. En approfondir les conditions historiques et par là, la nature même, et ainsi donner à la classe qui a mission d’agir, classe aujourd’hui opprimée, la conscience des conditions et de la nature de sa propre action, voilà la tâche du socialisme scientifique, expression théorique du mouvement prolétarien.


Considérer la citation mentionné de Marx comme “l'expression – peut-être concentrée - du matérialisme historique” est fait parce que Marx ne décrit pas ici(donc dans cette citation précise) le “développement nécessaire ultime” comme le fait Engels ici dans son exposé sur ... le matérialisme historique:

Le prolétariat s'empare du pouvoir public et, en vertu de ce pouvoir, transforme les moyens de production sociaux qui échappent des mains de la bourgeoisie en propriété publique. Par cet acte, il libère les moyens de production de leur qualité antérieure de capital et donne à leur caractère social pleine liberté de s’imposer. Une production sociale suivant un plan prédéterminé est désormais possible.(...)Dans la mesure où l’anarchie de la production sociale disparaît, l’autorité politique de l’État entre en sommeil. Les hommes, enfin maîtres de leur propre socialisation, deviennent aussi par là même, maîtres de la nature, maître d’eux-mêmes, libres.
Accomplir cet acte libérateur du monde, voilà la mission historique du prolétariat moderne. En approfondir les conditions historiques et par là, la nature même, et ainsi donner à la classe qui a mission d’agir, classe aujourd’hui opprimée, la conscience des conditions et de la nature de sa propre action, voilà la tâche du socialisme scientifique, expression théorique du mouvement prolétarien.


Et pourquoi Marx ne mentionne-t-il pas tout cela dans sa citation faite dans «Avant-propos» de «Contribution à la critique de l'économie politique»?

Cela devient clair en connaissant le CONTEXTE RÉEL de cette citation, cette contexte que les révisionistes ont délibérément fait disparaître en créant un “contexte qui leur est propre” ...


La «technique» du révisionnisme démasquée

Marx dans “Préface” de “Contribution au critique sur l’économie politique”:

J'examine le système de l'économie bourgeoise dans l'ordre suivant : capital, propriété foncière, travail salarié, État, commerce extérieur, marché mondial. Sous les trois premières rubriques, j'étudie les conditions d'existence économiques des trois grandes classes en lesquelles se divise la société bourgeoise moderne; la liaison des trois autres rubriques saute aux yeux. La première section du livre premier, qui traite du capital, se compose des chapitres suivants : 1º la marchandise; 2º la monnaie ou la circulation simple; 3° le capital en général.

Marx veut ainsi analyser la société bourgeoise en examinant les lois du mode de production sous-jacent - le capitalisme. Il le fait dans «Contributions à la critique de l'économie politique». Puis …:

Je supprime une introduction générale que j'avais ébauchée5 parce que, réflexion faite, il me paraît qu'anticiper sur des résultats qu'il faut d'abord démontrer ne peut être que fâcheux et le lecteur qui voudra bien me suivre devra se décider à s'élever du singulier au général. Quelques indications, par contre, sur le cours de mes propres études d'économie politique me semblent être ici à leur place.

Il s'abstient d'ajouter une introduction générale. Il avait déjà une introduction plus ou moins finie prête

Il donne ensuite un aperçu général des idées, les perspicacités, auxquelles il était parvenu et qui l'ont conduit à faire une analyse de la société bourgeoise sur la base d'une enquête sur la manière dont la production, la distribution, l'échange des produits fabriqués au sein de cette société bourgeoise se déroule. Ces idées/conclusions/perpicacités ont été obtenus à partir du matérialisme historique. MAIS ces idées/conclusions/perspicatités eux-mêmes ne sont PAS LE matérialisme historique lui-même!


Le premier travail que j'entrepris pour résoudre les doutes qui m'assaillaient fut une révision critique de la Philosophie du droit, de Hegel, travail dont l'introduction parut dans les Deutsch-Französiche Jahrbücher, publiés à Paris, en 1844. Mes recherches aboutirent à ce résultat que les rapports juridiques - ainsi que les formes de l'État - ne peuvent être compris ni par eux-mêmes, ni par la prétendue évolution générale de l'esprit humain, mais qu'ils prennent au contraire leurs racines dans les conditions d'existence matérielles dont Hegel, à l'exemple des Anglais et des Français du XVIII° siècle, comprend l'ensemble sous le nom de « société civile », et que l'anatomie de la société civile doit être cherchée à son tour dans l'économie politique. J'avais commencé l'étude de celle-ci à Paris et je la continuai à Bruxelles où j'avais émigré à la suite d'un arrêté d'expulsion de M. Guizot. Le résultat général auquel j'arrivai et qui, une fois acquis, servit de fil conducteur à mes études, peut brièvement se formuler ainsi : (suivi de la citation avec laquelle j'ai commencé l'article ci-dessus, NICO)


Dans la préface, Marx a donné les aperçus qui l'ont conduit à l'analyse du capitalisme, le mode de production à la base de la société bourgeoise

Ainsi, les APERÇUS/IDÉES/CONCLUSIONS, brièvement résumées par Marx dans la “Préface” de “Contribution à la critique de l'économie politique”, ont conduit à l'étude dont la dernière n'était en réalité qu'une étude préliminaire, à savoir au “Capital” où finalement l'ESSENCE du capitalisme est expliqué dans le chapitre 26 et illustre la “finitude” du capitalisme par la contradiction sur laquelle le capitalisme est fondé: “la caractère sociale de la production en contradiction avec la propriété privée des moyens de production”.

Karl MARX, “Le Capital - Livre premier – Le développement de la production capitaliste”, VIII° section : L'accumulation primitive, Chapitre XXVI : Le secret de l’accumulation primitive
Nous avons vu comment l'argent devient capital, le capital source de plus-value, et la plus-value source de capital additionnel. Mais l'accumulation capitaliste présuppose la présence de la plus-value et celle-ci la production capitaliste qui, à son tour, n'entre en scène qu'au moment où des masses de capitaux et de forces ouvrières assez considérables se trouvent déjà accumulées entre les mains de producteurs marchands. Tout ce mouvement semble donc tourner dans un cercle vicieux, dont on ne saurait sortir sans admettre une accumulation primitive (previous accumulation, dit Adam Smith) antérieure à l'accumulation capitaliste et servant de point de départ à la production capitaliste, au lieu de venir d'elle.
Cette accumulation primitive joue dans l'économie politique à peu près le même rôle que le péché originel dans la théologie. Adam mordit la pomme, et voilà le péché qui fait son entrée dans le monde. On nous en expliqué l'origine par une aventure qui se serait passée quelques jours après la création du monde.
De même, il y avait autrefois, mais il y a bien longtemps de cela, un temps où la société se divisait en deux camps : là, des gens d'élite, laborieux, intelligents, et surtout doués d'habitudes ménagères; ici, un tas de coquins faisant gogaille du matin au soir et du soir au matin. Il va sans dire que les uns entassèrent trésor sur trésor, tandis que les autres se trouvèrent bientôt dénués de tout. De là la pauvreté de la grande masse qui, en dépit d'un travail sans fin ni trêve, doit toujours payer de sa propre personne, et la richesse du petit nombre, qui récolte tous les fruits du travail sans avoir à faire oeuvre de ses dix doigts.
L'histoire du péché théologal nous fait bien voir, il est vrai, comme quoi l'homme a été condamné par le Seigneur à gagner son pain à la sueur de son front; mais celle du péché économique comble une lacune regrettable en nous révélant comme quoi il y a des hommes qui échappent à cette ordonnance du Seigneur.
Et ces insipides enfantillages, on ne se lasse pas de les ressasser. M. Thiers, par exemple, en ose encore régaler les Français, autrefois si spirituels, et cela dans un volume où, avec un aplomb d'homme d'État, il prétend avoir réduit à néant les attaques sacrilèges du socialisme contre la propriété. Il est vrai que, la question de la propriété une fois mise sur le tapis, chacun se doit faire un devoir sacré de s'en tenir à la sagesse de l'abécédaire, la seule à l'usage et à la portée des écoliers de tout âge6.
Dans les annales de l'histoire réelle, c'est la conquête, l'asservissement, la rapine à main armée, le règne de la force brutale, qui l'a toujours emporté. Dans les manuels béats de l'économie politique, c'est l'idylle au contraire qui a de tout temps régné. A leur dire il n'y eut jamais, l'année courante exceptée, d'autres moyens d'enrichissement que le travail et le droit. En fait, les méthodes de l'accumulation primitive sont tout ce qu'on voudra, hormis matière à idylle.
Le rapport officiel entre le capitaliste et le salarié est d'un caractère purement mercantile. Si le premier joue le rôle de maître et le dernier le rôle de serviteur, c'est grâce à un contrat par lequel celui-ci s'est non seulement mis au service, et partant sous la dépendance de celui-là, mais par lequel il a renoncé à tout titre de propriété sur son propre produit. Mais pourquoi le salarié fait-il ce marché ? Parce qu'il ne possède rien que sa force personnelle, le travail à l'état de puissance, tandis que toutes les conditions extérieures requises pour donner corps à cette puissance, la matière et les instruments nécessaires à l'exercice utile du travail, le pouvoir de disposer des subsistances indispensables au maintien de la force ouvrière et à sa conversion en mouvement productif, tout cela se trouve de l'autre côté.
Au fond du système capitaliste il y a dope la séparation radicale du producteur d'avec les moyens de production. Cette séparation se reproduit sur une échelle progressive dès que le système capitaliste s'est une fois établi; mais comme celle-là forme la base de celui-ci, il ne saurait s'établir sans elle. Pour qu'il vienne au monde, il faut donc que, partiellement au moins, les moyens de production aient déjà été arrachés sans phrase aux producteurs, qui les employaient à réaliser leur propre travail, et qu'ils se trouvent déjà détenus par des producteurs marchands, qui eux les emploient à spéculer sur le travail d'autrui. Le mouvement historique qui fait divorcer le travail d'avec ses conditions extérieures, voilà donc le fin mot de l'accumulation appelée «primitive» parce qu'elle appartient à l'âge préhistorique du monde bourgeois.(…)
Dans l'histoire de l'accumulation primitive, toutes les révolutions qui servent de levier à l'avancement de la classe capitaliste en voie de formation font époque, celles, surtout qui, dépouillant de grandes masses de leurs moyens de production et d'existence traditionnels, les lancent à l'improviste sur le marché du travail. Mais la base de toute cette évolution, c'est l'expropriation des cultivateurs.
Elle ne s'est encore accomplie d'une manière radicale qu'en Angleterre : ce pays jouera donc nécessairement le premier rôle dans notre esquisse. Mais tous les autres pays de l'Europe occidentale parcourent le même mouvement, bien que selon le milieu il change de couleur locale, ou se resserre dans un cercle plus étroit, ou présente un caractère moins fortement prononcé, ou suive un ordre de succession différent7.


Et SI Marx dit déjà quelque chose sur le socialisme (en tant que transition entre le capitalisme et le communisme) (non pas comme un “plaidoyer” mais précisément sur l'ESSENCE ou le CONTENU du socialisme ...), alors c'est dans …:

Chapitre XXXII : Tendance historique de l’accumulation capitaliste
Ainsi donc ce qui gît au fond de l'accumulation primitive du capital, au fond de sa genèse historique, c'est l'expropriation du producteur immédiat, c'est la dissolution de la propriété fondée sur le travail personnel de son possesseur.

La propriété privée, comme antithèse de la propriété collective, n’existe que là où les instruments et les autres conditions extérieures du travail appartiennent à des particuliers. Mais selon que ceux-ci sont les travailleurs ou les non-travailleurs, la propriété privée change de face. Les formes infiniment nuancées qu'elle affecte à première vue ne font que réfléchir les états intermédiaires entre ces deux extrêmes.

La propriété privée du travailleur sur les moyens de son activité productive est le corollaire de la petite industrie, agricole ou manufacturière, et celle-ci constitue la pépinière de la production sociale, l'école où s'élaborent l'habileté manuelle, l'adresse ingénieuse et la libre individualité du travailleur. Certes, ce mode de production se rencontre au milieu de l'esclavage, du servage et d'autres états de dépendance. Mais il ne prospère, il ne déploie toute son énergie, il ne revêt sa forme intégrale et classique que là où le travailleur est le propriétaire libre des conditions de travail qu'il met lui-même en œuvre, le paysan, du sol qu'il cultive, l'artisan, de l'outillage qu'il manie, comme le virtuose, de son instrument.

Ce régime industriel de petits producteurs indépendants, travaillant à leur compte, présuppose le morcellement du sol et l'éparpillement des autres moyens de production. Comme il en exclut la concentration, il exclut aussi la coopération sur une grande échelle, la subdivision de la besogne dans l'atelier et aux champs, le machinisme, la domination savante de l'homme sur la nature, le libre développement des puissances sociales du travail, le concert et l'unité dans les fins, les moyens et les efforts de l'activité collective. Il n'est compatible qu'avec un état de la production et de la société étroitement borné. L'éterniser, ce serait, comme le dit pertinemment Pecqueur, « décréter la médiocrité en tout ». Mais, arrivé à un certain degré, il engendre de lui-même les agents matériels de sa dissolution. A partir de ce moment, des forces et des passions qu'il comprime, commencent à s'agiter au sein de la société. Il doit être, il est anéanti. Son mouvement d'élimination transformant les moyens de production individuels et épars en moyens de production socialement concentrés, faisant de la propriété naine du grand nombre la propriété colossale de quelques-uns, cette douloureuse, cette épouvantable expropriation du peuple travailleur, voilà les origines, voilà la genèse du capital. Elle embrasse toute une série de procédés violents, dont nous n'avons passé en revue que les plus marquants sous le titre de méthodes d'accumulation primitive.

L'expropriation des producteurs immédiats s'exécute avec un vandalisme impitoyable qu'aiguillonnent les mobiles les plus infâmes, les passions les plus sordides et les plus haïssables dans leur petitesse. La propriété privée, fondée sur le travail personnel, cette propriété qui soude pour ainsi dire le travailleur isolé et autonome aux conditions extérieures du travail, va être supplantée par la propriété privée capitaliste, fondée sur l'exploitation du travail d'autrui, sur le salariat8.

Dès que ce procès de transformation a décomposé suffisamment et de fond en comble la vieille société, que les producteurs sont changés en prolétaires, et leurs conditions de travail, en capital, qu'enfin le régime capitaliste se soutient par la seule force économique des choses, alors la socialisation ultérieure du travail, ainsi que la métamorphose progressive du sol et des autres moyens de production en instruments socialement exploités, communs, en un mot, l'élimination ultérieure des propriétés privées, va revêtir une nouvelle forme. Ce qui est maintenant à exproprier, ce n'est plus le travailleur indépendant, mais le capitaliste, le chef d'une armée ou d'une escouade de salariés.

Cette expropriation s'accomplit par le jeu des lois immanentes de la production capitaliste, lesquelles aboutissent à la concentration des capitaux. Corrélativement à cette centralisation, à l'expropriation du grand nombre des capitalistes par le petit, se développent sur une échelle toujours croissante l'application de la science à la technique, l'exploitation de la terre avec méthode et ensemble, la transformation de l'outil en instruments puissants seulement par l'usage commun, partant l'économie des moyens de production, l'entrelacement de tous les peuples dans le réseau du marché universel, d'où le caractère international imprimé au régime capitaliste. A mesure que diminue le nombre des potentats du capital qui usurpent et monopolisent tous les avantages de cette période d'évolution sociale, s'accroissent la misère, l'oppression, l'esclavage, la dégradation, l'exploitation, mais aussi la résistance de la classe ouvrière sans cesse grossissante et de plus en plus disciplinée, unie et organisée par le mécanisme même de la production capitaliste. Le monopole du capital devient une entrave pour le mode de production qui a grandi et prospéré avec lui et sous ses auspices. La socialisation du travail et la centralisation de ses ressorts matériels arrivent à un point où elles ne peuvent plus tenir dans leur enveloppe capitaliste. Cette enveloppe se brise en éclats. L'heure de la propriété capitaliste a sonné. Les expropriateurs sont à leur tour expropriés9.

L'appropriation capitaliste, conforme au mode de production capitaliste, constitue la première négation de cette propriété privée qui n'est que le corollaire du travail indépendant et individuel. Mais la production capitaliste engendre elle-même sa propre négation avec la fatalité qui préside aux métamorphoses de la nature. C'est la négation de la négation. Elle rétablit non la propriété privée du travailleur, mais sa propriété individuelle, fondée sur les acquêts de, l'ère capitaliste, sur la coopération et la possession commune de tous les moyens de production, y compris le sol.

Pour transformer la propriété privée et morcelée, objet du travail individuel, en propriété capitaliste, il a naturellement fallu plus de temps, d'efforts et de peines que n'en exigera la métamorphose en propriété sociale de la propriété capitaliste, qui de fait repose déjà sur un mode de production collectif. Là, il s'agissait de l'expropriation de la masse par quelques usurpateurs; ici, il s'agit de l'expropriation de quelques, usurpateurs par la masse.

Et dans la note de bas de page est utilisé comme référence, PAS la Préface à “Contribution à la critique de l'économie politique”… mais le Manifeste du Parti Communiste.:

Le progrès de l'industrie, dont la bourgeoisie est l'agent sans volonté propre et sans résistance, substitue à l'isolement des ouvriers, résultant de leur concurrence, leur union révolutionnaire par l'association. Ainsi, le développement de la grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur lequel elle a établi son système de production et d'appropriation. Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables. De toutes les classes qui, à l'heure présente, s'opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique. Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu'elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus elles sont réactionnaires. elles cherchent à faire tourner à l'envers la roue de l'histoire.” (Karl Marx et Friedrich Engels: Manifeste du Parti communiste, Lond., 1847 p. 9, 11.)


Ce que j'appelle le révisionnisme est pour Lénine le “renégatisme” ...

Ce sont ces “aperçus” sur lesquels le PTB est SILENCIEUX dans toutes les touches, derrière un rideau de citations bien choisies de Marx ou/et de paraphrases de celui-ci. C'est le RÉVISIONISME, "la révision du marxisme". Le PTB fait de ce que Lénine accuse Kautsky:

LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE et le renégat KAUTSKY, Lénine (1918):
“.. l'exemple éminemment typique et éclatant de la façon dont la reconnaissance verbale du marxisme a abouti en fait à le transformer en(…) une doctrine bourgeoise libérale qui admet pour le prolétariat la lutte...de classe...non révolutionnaire,(…) À l'aide de sophismes patents, on vide le marxisme de son âme vivante, révolutionnaire; on accepte tout dans le marxisme, excepté les moyens de lutte révolutionnaires, leur propagande et leur préparation, l'éducation des masses précisément dans ce sens.”


1Forces productives : ensemble des facteurs qui contribuent à la production matérielle. La force de travail des travailleurs eux-mêmes, les matières premières, les machines, la technique.

2 Déjà en 1852, Marx écrit, dans une lettre à Wiedemeyer, que « la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ».

3 Ou plus exactement l'histoire écrite. En 1847, l'histoire de l'organisation sociale qui a précédé toute l'histoire écrite, la préhistoire, était à peu près inconnue. Depuis Haxthausen a découvert en Russie la propriété commune de la terre. Maurer a démontré qu'elle est la base sociale d'où sortent historiquement toutes les tribus allemandes et on a découvert, petit à petit, que la commune rurale, avec possession collective de la terre, a été la forme primitive de la société depuis les Indes jusqu'à l'Irlande. Enfin, la structure de cette société communiste primitive a été mise à nu dans ce qu'elle a de typique par la découverte de Morgan qui a fait connaître la nature véritable de la gens et sa place dans la tribu. Avec la dissolution de ces communautés primitives commence la division de la société en classes distinctes, et finalement opposées. J'ai essayé d'analyser ce procès de dissolution dans l'ouvrage l'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, 2° édition, Stuttgart 1886. (Note d'Engels pour l'édition anglaise de 1888). Haxthausen, August (1792-1866), baron prussien. Le tsar Nicolas Ier l'autorisa à visiter la Russie pour y étudier le régime agricole et la vie des paysans (1843-1844). Haxthausen écrit un ouvrage consacré à la description des vestiges du régime communautaire dans les rapports terriens de la Russie. (N.R.) Maurer, Georg Ludwig (1790-1872), historien allemand; il étudia le régime de la Germanie et de l'Allemagne du moyen âge et fit un apport important à l'étude de la marche du moyen âge. (N.R.) Morgan, Lewis Henry (1818-1881), ethnographe, archéologue et historien américain. Grâce aux nombreuses données ethnographiques accumulées au cours de son étude du régime social et de la vie des Indiens de l'Amérique, Morgan fonda sa doctrine sur l'évolution de la gens en tant que la forme principale de la société primitive. C'est à lui également qu'appartient la tentative de diviser en périodes l'histoire de la société primitive sans classes. Marx et Engels appréciaient beaucoup l'oeuvre de Morgan. Marx fit un résumé de son ouvrage la Société ancienne (1877). Dans son ouvrage l'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, Engels cite les données de fait fournies par Morgan. (N.R.)

4 Maître de jurande, c'est-à-dire membre de plein droit d'une corporation, maître du corps de métier et non juré. (Note d'Engels pour l'édition anglaise de 1888.)

5 Voir le texte intitulé : Introduction à la critique de l’économie politique daté de 1857. (N. R.)

6 Gœthe, irrité de ces billevesées, les raille dans le dialogue suivant : :

	Le maître d'école : Dis-moi donc d'où la fortune de ton père lui est venue ?
	L'enfant : Du grand-père.
	Le maître d'école : Et à celui-ci?
	L'enfant : Du bisaïeul.
	Le maître d'école : Et à ce dernier ?

L'enfant : Il l'a prise. »

7 En Italie, où la production capitaliste s'est développée plus tôt qu'ailleurs, le féodalisme a également disparu plus tôt. Les serfs y furent donc émancipés de fait avant d'avoir eu le temps de n'assurer d'anciens droite de prescription sur les terres qu'ils possédaient. Une bonne partie de ces prolétaires, libres et légers comme l'air, affluaient aux villes, léguées pour la plupart par l'Empire romain et que les seigneurs avaient de bonne heure préférées comme lieux de séjour. Quand les grande changements survenus vers la fin du XV° siècle dans le marché universel dépouillèrent l'Italie septentrionale de sa suprématie commerciale et amenèrent le déclin de ses manufactures, il se produisit un mouvement en sens contraire. Les ouvriers des villes furent en masse refoulés dans les campagnes, où dès lors la petite culture, exécutée à la façon du jardinage, prit un essor sans précédent.

8 «Nous sommes... dans une condition tout à fait nouvelle de la société... nous tendons à séparer complètement toute espèce de propriété d'avec toute espèce de travail. » (Sismondi : Nouveaux principes de l’Econ. polit., t. Il, p. 434.)

9 «Le progrès de l'industrie, dont la bourgeoisie est l'agent sans volonté propre et sans résistance, substitue à l'isolement des ouvriers, résultant de leur concurrence, leur union révolutionnaire par l'association. Ainsi, le développement de la grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur lequel elle a établi son système de production et d'appropriation. Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables. De toutes les classes qui, à l'heure présente, s'opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique. Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu'elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus elles sont réactionnaires. elles cherchent à faire tourner à l'envers la roue de l'histoire. » (Karl Marx et Friedrich Engels : Manifeste du Parti communiste, Lond., 1847 p. 9, 11.) 

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