24-09-2020

NÉGATIONISME de la fraction Bergen-Denonville: Nier le matérialisme historique, nier le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière, nier le rôle du Parti Communiste

                                    Hier in het NEDERLANDS 
Le 36e Congrès du Parti communiste de Belgique a eu lieu fin 2017 et début 2018. Ce fut une congrès politiquement et idéologiquement intense, qui ne peut peut-être être comparée qu'à la première congrès de 1921.

Puis le groupe une fois EXCLU par le POB en tant que “fraction gauchiste s'est organisé en Parti communiste de Belgique selon le concept de parti du premier parti communiste, celui de l'Union soviétique. Le Parti Communiste de Belgique a également rejoint la Troisième Internationale.


36e congrès - 2018: de la stratégie du BWP de 1885 À NOUVEAU celle du PCB-CPB de 1921… mais les statuts n'ont pas été modifiés. Dans ce document, l'idéologie du BWP de 1885 persistait encore. C'est devenu l'arme de la fraction

Au 36e Congrès, ce qui restait du Parti communiste de Belgique, mais qui finalement s'alignait plutôt politiquement et idéologiquement avec le BWP de 1885, se rétablit, sur sa base idéologique et politique d'ORIGINE, celle du Parti Communiste de Belgique de Belgique de 1921.
Désormais, pour toutes sortes de raisons, y compris l'intensité idéologique et politique du congrès, l'établissement de statuts conformément à la ligne politique/idéologique du 36e congrès n'a pas eu lieu. Ainsi, les statuts de ce qu'on appelait alors le Parti communiste de Wallonie-région de Bruxelles existent toujours.
Mais ce sont des statuts d'un parti social-démocrate - à savoir, comme le POB l'était en 1885, la “Charte de Quaregnon” a été incluse dans les statuts et il est fait référence à cette charte dans l'introduction aux statuts….
Il existe également des articles DANS ces statuts qui contredisent d'autres articles. Par exemple, il y a les articles qui désignent le congrès du parti comme le plus haut niveau dirigeant et le CC élu par le congrès comme le plus haut organe dirigeant et décisif entre les congrès.
Mais d'autres articles précisent alors que «une majorité de fédérations» ou une “majorité DANS une fédération” peut décider d'aller CONTRE les décisions du CC (et qui ou quoi détermine ce qu'est “cette majorité” ... n'est nullepart indiqué dans ces statuts!)
Cela signifie qu'en réalité la “droit de tendance” et le “fractionnisme” sont statutairement autorisés! En fait, il est en fait «autorisé» en vertu des statuts qu'une faction puisse s'organiser et se réunir EN DEHORS des structures organisationnelles statutaires.
Cela dépend des articles qu'on sélectionne et des articles auxquels on ne fait pas référence. Rendre 1 article absolu, le rend contraire à un autre article (ou à d'autres articles)…. Mais ceux de la fraction sont silencieux à ce sujet.
C'est la raison pour laquelle le SEUL DOCUMENT auquel se réfère la fraction est “Les Statuts du Parti communiste de Wallonie et de Bruxelles” et pourquoi il n'y a pas ou seulement UNE référence très formelle au document du congrès politique du 36e Congrès. (Dans le texte “Les défis du ‘monde post-COVID-19’ chez "Principales revendications des communistes: (….) Refinancement de l’enseignement, qui doit être entièrement public", il y a la note: "Voir à ce sujet le Document politique adopté par le 36me Congrès, pp. 16-17.")
Désormais, la solution provisoire réside dans le fait que le CC décide que le document politique du 36e congrès est décisif sur toutes les contradictions dans les statuts (encore) actuels.


Un email adressé “à tous les membres”…. mais pas envoyé "à tous les membres ..."?

Tout à fait selon la méthode des “Lettres Ouvertes” que la fraction a adressées DANS le parti à des membres sélectionnés par elle, elle appelle désormais au «37e congrès», et propose un “texte plutôt idéologique”: Tenants et aboutissements de la crise du PCB et un “texte plutôt politique”: Les défis du ‘monde post-COVID-19’
Dans le “document plotôt politique”, Les défis du ‘monde post-COVID-19’, on lit que le “document plutôt idéologique”, Tenants et aboutissements de la crise du PCB vise, entre autres, à “rectifier le document du 36e congrès” .


Maintenant, je n'ai été informé que parce qu'un camarade m'a fait suivre le courrier qu'il avait reçu ...
Mais oui, cela devient clair lorsque vous voyez CONTRE qui cette fraction cible (voir l'image ici plus bas, où la liste des membres de ce groupe comprend ceux qui ont également signé le courrier.)
J'ai écrit une analyse idéologique et politique de cette fraction en trois articles: Partie 1, Partie 2 et Partie 3 
NOTE: Je parle encore de “la fraction” ici, mais en réalité parce qu'elle se positionne EN DEHORS du parti, il n'est en fait plus question “d'une fraction”, mais d'un groupe EN DEHORS du PCB-CPB. Ce groupe peut toujours contacter les membres de son choix, car ce groupr sait toujours qui est membre (adresses e-mail par exemple). Je parle parfois de “liquidationnistes” parce qu'ils(ceux de ce groupe) veulent “liquider” le concept de parti léniniste ou “bolchevik”. Je parle aussi parfois de “négationnistes” parce qu'ils (voir ci-dessous) DÉNIENNENT le matérialisme historique (la base de ce qu'on appelle le marxisme).


Qui est “la minorité” ici (mencheviki)… et qui est “la majorité” ici (bolcheviki)?

La “fraction” parle d'une “minorité gauchiste”. C'est cette “minorité gauchiste” qui défend le document politique du 36e Congrès. C'est le document approuvé par MAJORITÉ lors du 36e Congrès.
Apparemment, il y avait des opinions qui ont été mis en MINORITÉ au 36e Congrès. Cette fraction n'adhère pas à ses PROPRES statuts si elle veut maintenant “rectifier le document du 36e Congrès” par ses intrigues.
L'ANALOGIE historique n'existe pas, mais une “ressemblance” intéressante apparaît:
Au 2e Congrès en 1904 de ce qu'on appelait alors encore le Parti Social-Démocrate Russe, ceux qui défendaient des vues MINORITAIRES (les mencheviki) ont réussie APRÈS le Congrès, à imposer ces vues au parti par des intrigues, pour ainsi faire «rectifier» ces résolutions du Congrès adoptées par la MAJORITÉ (les bolcheviki).


L'idéologie du groupe est révélée dans leur document “proposé”

Le véritable “engagement” de la fraction dans “l'organisation du 37e congrès...” peut être vu dans le passage du projet de “document de congrès proposé plutôt idéologique”, “Tenants et aboutissements de la crise du PCB

I.6. Langage du 21me siècle ou langue de bois ?
La communication et l’importance de nous faire comprendre doit être au centre de nos préoccupations. Dans cette optique l’utilisation des notions de prolétaire, de prolétariat, de bourgeoisie ou de classe ouvrière doit être repensée car elles sont souvent comprises sous l’angle d’une “image d’Epinal” digne du 19me siècle. Si ces concepts ont toute leur place dans l’histoire de la pensée marxiste et du mouvement ouvrier organisé, nous considérons qu’au 21me siècle l’utilisation sans nuances de ces mots contribue à nous isoler.

Les écrits et les discours gauchistes durs et purs ne sont pas crédibles parce que, d'une part, les notions de prolétariat ou de classe ouvrière peuvent avoir une connotation ringarde, voire péjorative pour les gens. D’autre part, nous constatons que la classe ouvrière, autrefois assimilée au prolétariat, n’est plus majoritaire parmi les salariés, en Belgique comme dans de nombreux pays où les industries sont supplantées par le secteur tertiaire. Quant à la notion de bourgeoisie, elle qualifie souvent erronément aujourd’hui une catégorie de gens dont l'aisance est assimilée à une réussite sociale qui n'a plus grand chose à voir avec la notion marxiste de l’ennemi de classe capitaliste (les “affameurs du peuple”) qui détient la propriété privée des moyens de production et de communication. N'oublions pas que même s'ils ne sont pas issus de la classe ouvrière et qu'ils n'ont pas la même conscience de classe, les indépendants et faux indépendants, les “ubérisés” et les agriculteurs sont des travailleurs qui subissent également, et de manière parfois particulièrement violente, le joug du capital.
Résolution:
Le 37me congrès considère qu’une phraséologie dogmatique et obsolète déconnectée de la réalité contemporaine favorise le repli et l’isolement de la gauche radicale et ne contribuera jamais à faire progresser la réflexion des masses et la lutte des classes. Il recommande l'adoption d'une phraséologie mieux adaptée à la réalité contemporaine.


En fait, la fraction renonce ici ou rejette ici le matérialisme historique ou le marxisme!

La base du marxisme, le matérialisme historique a été “historiquement achevée” pour eux…. En fait, disent les négationnistes de la fraction, "ceci avait sa place dans l'HISTOIRE de la PENSÉE marxiste", mais ne peut plus servir "à faire avancer la pensée des masses et la lutte des classes ... Un ajustement est nécessaire d'une phraséologie, adaptée à la réalité actuelle”.


1. Un déni du marxisme ou de son matérialisme historique de base.

Ils nient le marxisme ou du moins sa base, le matérialisme historique. Il n'y a même pas de proposition de “révision du marxisme”…. basé sur des citations "sélectionnées" ou des passages de texte de Marx…. Ils vont donc plus loin que le révisionnisme! Il n'y a plus aucune référence à Marx…. (sauf 2 citations très limitées, mais uniquement à titre d'illustration: dans le texte Les défis du ‘monde post-COVID-19’: “Le capitalisme n’épuise pas seulement le travailleur : il épuise aussi la terre.” K. Marx, Le Capital; “Nous ne devons pas nous vanter trop de nos victoires humaines sur la nature. Pour chacune de ces victoires la nature se venge sur nous.” F. Engels)

Résolution:
Tout en reconnaissant la signification marxiste contenue dans le concept de “dictature du prolétariat” indissociable de l’histoire du mouvement ouvrier organisé, le 37me congrès considère que les mots “dictature” et “prolétariat” ont une connotation négative et obsolète au 21me siècle. En conséquence le 37me congrès considère que la notion de “pouvoir des travailleurs” est à privilégier dans les communications du PCB.

Si le mot “dictature” est simplement une expression de “pouvoir” (l’expression utilisé dans le Manifeste du Parti communiste; dans la Guerre civile en France, Marx utilise l'expression “gouvernement”…) alors il est frappant que dans l'expression proposée “pouvoir des travailleurs” le concept de “CLASSE” a disparu! Parce que “prolétariat” n'est pas simplement une expression archaïque pour indiquer les “ouvriers” ou éventuellement les “travailleurs”. Prolétariat est l'expression de "CLASSE ouvriére” ou eventuellement "CLASSE travailleuse”, la CLASSE qui s'est développée PAR les rélations de production capitaliste et se positionne FACE à “la bourgeoisie comme CLASSE” ou à la “CLASSE capitaliste”.


2. Le déni du matérialisme historique conduit au déni du rôle révolutionnaire de la CLASSE ouvrière qui, parvenue à cette conscience, se bat pour la destruction du système de production qui sous-tend la société bourgeoise, le capitalisme.

C'est la classe ouvrière créée par le développement des rapports de production capitalistes et opposés à la classe dirigeante, la bourgeoisie. La bourgeoisie qui continuera à défendre à tout prix les rapports de production capitalistes et donc la perpétuation de l'exploitation de la force de travail.
La classe ouvrière - ayant pris conscience de son rôle révolutionnaire - va, sur la base des vestiges de la société précédente, commencer le développement d'une société communiste qui est dans l'intérêt de toute l'humanité et donc d'une société sans classes. La transition est (encore) une société de classe dans laquelle la classe ouvrière agit en tant que classe dirigeante par rapport à ce qui reste de la classe bourgeoisie/capitaliste:
1. parce que la révolution ne se fera pas partout dans le monde en même temps, HORS des lieux “où la révolution est déjà en cours”, il y aura encore des parties d'une société bourgeoise avec le capitalisme et les capitalistes.
2. La domination de la classe ouvrière sur la bourgeoisie/capitaliste signifie aussi la lutte de classe sous forme de lutte idéologique: contre l'idéologie bourgeoise et les “coutumes” bourgeoises.


3. En fin de compte, cela signifie: nier la BASE du Parti communiste de Belgique: le concepte de parti léniniste

Nier le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière, c'est aussi nier la prise de conscience au sein de la classe ouvrière pour faire prendre conscience de son rôle révolutionnaire: qui est le rôle du parti COMMMUNIST comme «organisation de l'avant-garde de la classe ouvrière "
En effet, conformément au Congrès de Vilvorde en 1954 et conformément à le concept du parti du POB en 1885 (la Charte de Quaregnon dans les “Statuts”), la fraction a déclaré: “Le rôle du parti est…. obtenir autant de votes que possible des travailleurs et cela détermine le contenu de ce qu'il propage et son fonctionnement.
Et le “parti communiste” est pour la fraction/négationnistes/liquidationnistes pas plus de…. une “dissidence de gauche” du POB. Ainsi il n'y a plus de différence qualitative entre la social-démocratie et les communistes.
Les négationnistes accusent les communistes (qu'ils qualifient alors de “fraction gauchiste”…) d'ignorer précisément ceci:

Rappelons que ce concept erroné considérait la sociale démocratie comme “l’ennemi de classe”. (...) Elle occultait le fait que les partis communistes sont issus de la sociale démocratie comme notre parti et ses fondateurs sont issus d’une dissidence du Parti Ouvrier Belge POB.


4. Nier l’essencièl du 36e Congrès

Nier le caractère d'avant-garde du parti communiste, c'est nier l'INTENTION (l'essence du) 36e Congrès précisément de redonner au CPB-PCB ce rôle (et qu'il avait déterminé lors de son 1er Congrès en 1921).

Or, ce négationnisme/liquidationnisme n'est pas nouveau. Cette histoire est très ancienne.

Ils sont donc ravis du PTB dans leurs documents, n'est-ce pas?

...Nos camarades de Charleroi ont décidé de promouvoir une liste électorale concurrente à celle du PTB aux élections fédérales et régionales. Cette option contrevenait à la résolution du congrès stipulant le caractère unitaire de la participation aux élections qui privilégiait la présentation des candidats du PCB sur une liste PCB/PTB(….)
Pour justifier leur choix, les camarades de Charleroi ont soutenu que le PTB aurait refusé toute possibilité d'alliance avec le PCB. Cette affirmation qui s’est avérée totalement inexacte n’a pas empêché la Fédération de Charleroi de subir une cinglante défaite électorale où ses 47 candidats ont recueilli 0,02% des voix (à la Chambre, soit environ 360 fois moins que le PTB-PVDA), un score qui a démoralisé les militants, ridiculisé l’ensemble du parti et dispersé 1626 voix au détriment du mouvement ouvrier. Nous condamnons sans réserve l’attitude de certains militants carolos qui n’ont pas hésité à “surcoller” les affiches du PTB, remettant ainsi en cause nos bonnes relations avec ce parti.(…)
Le 37me congrès du PCB condamne fermement l’hostilité obsessionnelle de la fraction gauchiste à l’égard du Parti du Travail de Belgique (PTB) qui a eu le mérite de créer un appel d’air salutaire pour le mouvement ouvrier que nous devons contribuer à amplifier au nom d’une véritable solidarité de classe.

Dans un document d'une congrès antérieur du même PTB - que la fraction admire tant - nous pouvons lire quelque chose de très intéressant à propos de ces étiquettes de "dogmatisme", "sectarisme" et “gauchisme" que la fraction négationniste/liquidationniste disperse largement:

1.2.2. "Dogmatisme"

Rejeter une “doctrine rigide”, c'est en fait rejeter tous les éléments centraux du marxisme-léninisme: la doctrine de l'État comme instrument de la dictature capitaliste, la nécessité de la révolution socialiste et la dictature du prolétariat. La social-démocratie n'a pas besoin de doctrine scientifique; sa doctrine est l'inviolabilité du fonctionnement du capitalisme. L'aversion pour le dogmatisme est une couverture pour l'attachement à toutes sortes de théories bourgeoises. Au lieu du socialisme scientifique, il favorise la liberté pour toutes les positions bourgeoises et opportunistes.

Aucun parti social-démocrate n'était aussi opposé à la doctrine à ses débuts que le parti social-démocrate belge. Le POB était un exemple de “socialisme pragmatique”, une illustration vivante du concept de Bernstein: “le mouvement est tout, le but final n'est rien”. Les objectifs pragmatiques à l'époque étaient: le suffrage universel dans le domaine politique, le mouvement coopératif dans le domaine économique. Dans les slogans politiques, le POB ne différait pas en termes pratiques de l'aile progressiste libérale de la bourgeoisie. Les slogans étaient démocratiques radicaux mais pas socialistes. Les objectifs économiques ont créé l'illusion que le capitalisme serait expulsé du marché. Le «pragmatisme» a conduit à une intégration et une identification très rapides avec le système, la démocratie bourgeoise, le colonialisme et la guerre impérialiste.
(…)
1.2.3. Le cœur du rejet du concept de parti d'avant-garde est que la social-démocratie ne veut pas détruire le capitalisme. Le réformisme a toujours trouvé des moyens de cacher cela. Le marxisme-léninisme et le concept du parti léniniste ont été rejetés au fil des ans comme "inadaptés à la situation spécifique", "dépassés par le développement de la société".

En Russie, tous les opportunistes ont trouvé la révolution impossible et le marxisme “inadapté” à la situation spécifique dans laquelle une majorité de paysans sont opprimés par un régime tsariste semi-féodal. Lénine a développé le marxisme en appliquant les principes généraux à la situation concrète, a construit l'alliance ouvriers-paysans sous la direction du parti ouvrier et a réalisé “l'impossible”.
La grande sympathie pour la révolution russe parmi le prolétariat international a obligé la social-démocratie à déclarer sa solidarité avec la “dictature du prolétariat” en Russie, en optant pour des méthodes mieux “adaptées” à la démocratie bourgeoise. la "situation spécifique" en Europe occidentale. La révolution russe, le concept du Parti léniniste, n'était applicable qu'à la Russie, dans une situation de clandestinité obligatoire, d'arriération de la production et du prolétariat.
Theodore Dan lors d'un discours aux étudiants socialistes en décembre 32:
"La contradiction entre notre Parti et le bolchevisme ne se situe pas au niveau de" confesser "ou" nier "la dictature du prolétariat. En ce qui concerne les pays capitalistes avancés, le vrai problème est de savoir si la dictature terroriste, la dictature d'une minorité révolutionnaire de la classe ouvrière, peut dans une période de transition devenir la forme sous laquelle la classe établit son règne et devient l'instrument de sa libération sociale.”
Oui à la dictature du prolétariat, mais le parti d'avant-garde ne doit pas diriger les masses et les entraîner pour y arriver. Parce que cela s'appelle “dictature terroriste”. D'un autre côté, garder les masses stupides et soumises, et cela s'appelle appliquer des méthodes démocratiques appropriées.
Le reformisme “nouveau” a réchauffé les mêmes arguments contre la vague d'idées marxistes qui s'est répandue après 1968. Une nouvelle contre-vague de spontanéisme a remis en question la formation de partis communistes révolutionnaires. L'un de leurs porte-parole et théoricien du “marxisme sans Lénine” était André Gorz. En 1972, il écrivit des livres pleins d'hymnes à l'initiative spontanée de la classe ouvrière et à la théorie de Lénine sur la nécessité d'une avant-garde organisée et éduquée. Tiré de "L’actualité de la révolution" (Van Gennep 1972):
La conception bolchevique du parti en tant qu'avant-garde organisée séparée des masses contenait les germes de la plupart des dégénérescences ultérieures du pouvoir soviétique. La conception élitiste d'une avant-garde organisée n'était pas requise par l'essence de la lutte et de la parti révolutionnaire: ce sont les conditions historiques de la lutte révolutionnaire clandestine en Russie (...) qui ont nécessité une séparation entre l'avant-garde et les masses ... A cet égard, les conditions d'aujourd'hui sont fondamentalement différentes. Ce n'est pas la tâche fondamentale d'un parti révolutionnaire de diriger de audessus et de contrôler d'en haut, mais pour stimuler et promouvoir la capacité d'initiative, d'organisation de soi (ce qui est présente dans les masses).”(p. 59)
Pourquoi la théorie de Lénine sur la fusion du socialisme scientifique et de la classe ouvrière dans un parti d'avant-garde ne devrait-elle pas être valable dans une société capitaliste développée? L'ennemi est-il maintenant moins fort, y a-t-il moins de moyens de répression de la bourgeoisie, la classe ouvrière n'a-t-elle plus besoin d'un quartier général formé? L'emprise de l'idéologie bourgeoise est-elle désormais moins forte le long de la presse et des moyens de communication modernes, n'y a-t-il plus d'influence bourgeoise parmi les ouvriers, pas de groupe intermédiaire et d'arrière-garde? Pourquoi, alors, la conscience socialiste devrait-elle provenir spontanément de la classe ouvrière aujourd'hui?


Le caractère idéologique/politique de cette fraction de négationnistes / liquidationnistes correspond à son analyse dans le texte du PTB tant admiré:

Nous sommes confrontés à la quatrième grande vague internationale de propagande anticommuniste depuis la Seconde Guerre mondiale. Il oblige chaque militant à faire le bilan de ses propres positions idéologiques et politiques et à renforcer ses propres convictions communistes.


Dans la période 1945-1953, nous avons connu la grande campagne anticommuniste de la «guerre froide». A cette époque existait un camp socialiste. L'impérialisme américain était à l'apogée de sa puissance, menant toutes les forces anticommunistes dans une offensive mondiale pour repousser le mouvement communiste mondial. Colby:
La Russie s'est avérée être une nouvelle menace totalitaire pour les démocraties. Staline avait clairement renoncé aux accords de Yalta et poursuivi une politique ambitieuse et agressive qui était très similaire à la politique qu'Hitler avait suivie dix ans plus tôt. Chaque jour, les journaux rapportaient les manœuvres des Soviétiques: la prise du pouvoir à Prague, le soulèvement communiste en Grèce, la présence de l'Armée rouge en Iran, les grèves politiques et la subversion communiste en Italie et en France; en ne pas oubliant les exploits d'espionnage soviétique aux États-Unis et en Angleterre révélés par les procès contre les Rosenberg, contre Karl Fuchs, contre alger Hiss et Judith Coplon”. (30 ans la CIA, p. 68)
C'est la période de l'agression britannique en Grèce, de l'agression américaine contre la Corée, du maccarthisme. La propagande américaine a également exploité de vraies erreurs - comme la condamnation de Tito en 1948 - dans le but de briser les partis communistes.
En 1956, il y eut une deuxième vague d'anticommunisme hystérique (Hongrie, Staline). La CIA a obtenu une copie du discours secret de Kruchev à Staline. Allen Dulles a immédiatement décidé de livrer le texte intégral au New York Times. Il considérait que c'était la campagne de propagande la plus efficace jamais menée par la CIA contre le mouvement communiste.
"Les événements (en Hongrie) ont été une merveilleuse occasion de propagande pour l'antenne romaine de la CIA."
“Des milliers d'affiches ont été affichées dans les villes, des millions de brochures distribuées partout, des centaines de réunions publiques organisées”. (Colby, p. 126-127)
À partir du début des années 1960, l'impérialisme à l'échelle mondiale a été très affaibli. Le principal moyen de combattre la révolution n'était plus l'anticommunisme primaire et agressif, mais le soutien du mouvement réformiste qui gagnait du terrain dans tous les PC's d'Europe occidentale. Les thèmes de la propagande anticommuniste (contre Staline, contre la révolution socialiste, contre la dictature du prolétariat) ont été introduits en contrebande dans les textes officiels du parti. Les vrais marxistes-léninistes sont devenus l'objet d'attaques diffamatoires dans leur propre parti. En 1963, les marxistes-léninistes ont été expulsés du PCB.
(….)
Nous vivons une crise économique profonde dans le monde capitaliste, dont aucun parti bourgeois ne voit la fin. Nous vivons dans un pays impérialiste dans lequel la bourgeoisie et certaines parties de la petite bourgeoisie ont mené une vie luxueuse ou relativement facile sur la base de l'exploitation et de l'oppression impitoyables de centaines de millions de travailleurs et de paysans du tiers monde. La strate la plus élevée de la classe ouvrière a également obtenu certains avantages de «notre» bourgeoisie impérialiste, qui ont été récupérés sur le dos du tiers monde.
Dans les pays impérialistes, une crise économique profonde n'effectue pas directement une transition des ouvriers et ouvriers vers des positions révolutionnaires.
Tout le monde se rend compte de l'énorme puissance économique, politique et militaire de la bourgeoisie monopoliste.
Tout le monde se rend compte que la lutte révolutionnaire contre cette classe produira de nombreux et durs efforts, de nombreux sacrifices, des combats longs et acharnés.
Une grande partie des ouvriers croit en la propagande de la bourgeoisie qui promet de préserver une grande partie de leurs acquis, en transmettant la crise à ceux qui sont encore plus faibles qu'eux: pour certains, ce sont les femmes, ou les chômeurs, les travailleurs étrangers ou les pays du tiers monde.
Les masses n'osent pas immédiatement attaquer le véritable ennemi - le capital monopoliste - comme le coupable de la crise.
Elle espère “résoudre” la crise en redistribuant le fardeau entre les travailleurs eux-mêmes.
(…)
L'agressivité du capital et des partis de droite augmente constamment. Ce n'est pas une coïncidence, mais une nécessité. C'est une expression de la nature antagoniste de la contradiction entre le travail et le capital. Tous ceux qui veulent résoudre la crise mais restent dans le cadre de la société capitaliste, sont obligés de proposer des mesures de plus en plus drastiques contre les ouvriers et les ouvriers. Ils appellent cela des «sacrifices nécessaires». Les réformistes de gauche de toutes sortes ont une plus grande haine pour la révolution socialiste que pour le capitalisme.
Quiconque cherche une “solution” dans les limites du capitalisme est obligé de promouvoir des mesures de droite et d'extrême droite sous des couleurs “de gauche”.
Ce changement général du climat politique a des répercussions sur certains marxistes-léninistes.
Plus les solutions de droite sont criées sur les toits, moins elles croient en la révolution. Les partis bourgeois évoluent vers des positions d'extrême droite. Les partis ouvriers bourgeois adoptent des positions de droite promues dans un emballage réformiste. Les révolutionnaires épuisés se sentent appelés à exercer une «pression» sur les dirigeants réformistes. Bien qu'ils soient bien conscients que les positions du parti réformiste se déplacent de plus en plus vers la droite, ils le présentent comme si le PS-SP était le seul parti “fort” et “grand” qui puisse résister à la droite.
Certains «marxistes-léninistes» sont intimidés par la droite générale. Si ce fait lui-même met en évidence la nécessité de la révolution, ils considèrent que le travail révolutionnaire n'est pas “réaliste”.
Ils recherchent des solutions réalistes et réalisables aux questions fondamentales qui ne peuvent être résolues que par la révolution socialiste. Ils avancent nécessairement des propositions pour le développement du capitalisme monopoliste d'État, qui consiste généralement à renforcer le capital industriel contre le capital bancaire et certains groupes de capital industriel (les secteurs de pointe, les petites et moyennes entreprises) contre d'autres groupes.
La politique social-démocrate traverse une crise profonde. Dans les années '60, sa pratique de la collaboration de classe a produit des résultats tangibles pour les ouvriers.
Elle a besoin d'une nouvelle génération de théoriciens capables de proposer une «alternative réaliste».
À cette fin, elle cherche un rapprochement avec le genre de révolutionnaires qui soufrent à une crise du marxisme et une crise du militantisme.

Il est remarquable que “l'attachement” de la fraction au PTB est juste au moment que le PTB nie ses PROPRES documents de congrès.


Leur “stratégie” réformiste - en fait BOURGEOISE - se précise dans leur “texte plutôt politique”: “Les défis du 'monde post-COVID-19'”

Projet de document politique du 37me congrès du PCB

des clés de réflexion sur la crise mondiale provoquée par cette pandémie et des recommandations aux communistes pour ne pas tomber dans les pièges tendus par les élites dirigeantes belges et occidentales. Ce document a donc pour ambition de synthétiser nos analyses et positions en Belgique et dans le monde de 2020 et d'imaginer des stratégies renouvelées en vue de faire progresser la lutte vers le socialisme.
(…)
Un minuscule virus a mis à genoux les économies mondiales. La plupart des pays de la planète connaîtront en 2020 un recul inédit de leur PIB, en particulier les États occidentaux, dont ceux de la zone euro. (…)

Le chaos généré par la pandémie a certainement été aggravé par le système fédéral belge et ses neuf ministres compétents en matière de santé2. Avec le PTB, nous considérons qu’il est urgent de refédéraliser les soins de santé et de garder la sécurité sociale dans un cadre strictement national. (…)

Une conséquence de la pandémie, annonciatrice de changements importants dans la structure et le commandement du système capitaliste, est sans doute le renforcement des grosses sociétés associées à la financiarisation de l'économie et aux opportunités géopolitiques au détriment de celles du capitalisme “traditionnel”, en particulier l’industrie et le transport. En effet, tandis que, nombreuses sont celles, parmi les premières, à connaitre des bénéfices inédits, celles plus traditionnelles subissent des pertes abyssales.

Parmi les gagnants, on trouve en particulier les géants du secteur numérique, celles du GAFAM6, qui ont profité outrageusement du confinement et du télétravail, ainsi que la grande distribution, la pharmacie et l’armement. Si cette évolution se confirme, elle pourrait donner naissance à une nouvelle hégémonie au sommet du système capitaliste mondial. (...)

Le productivisme capitaliste s’oppose à toute planification. Le libre-échangisme implique la liberté de produire n’importe quoi pour autant qu’il y ait un marché solvable pour acheter. La publicité se charge de créer les besoins pour une population formatée par un système scolaire qui n’éveille pas suffisamment à l’esprit critique. Et le complexe militaro-industriel est un secteur phénoménal qui gaspille le meilleur des ressources terrestres, matières premières et énergie. Il est indispensable de remettre en cause en cause le mythe de la croissance illimitée du PIB qui s’accompagne inévitablement d’une augmentation de la consommation des ressources et de la production de déchets. La Terre n’est pas un réservoir inépuisable. Ainsi, en à peine 8 mois, le capitalisme consomme toutes les ressources naturelles susceptibles d’être renouvelées en une année. (…)

La planification écologique s’oppose résolument au libre-marché. Le plan doit être élaboré par l’Etat en fonction des besoins de la population et non en inventant artificiellement de nouveaux besoins, mais le néo-libéralisme rejette totalement cette option. Le rapport de force pour contraindre les gouvernants à prendre les mesures qui s’imposent doit être établi par une mobilisation populaire, comme celle des jeunes de 2019 en faveur du sauvetage du climat.

Les besoins en investissements seront colossaux et on ne peut plus accepter la socialisation des pertes et la privatisation des bénéfices. Dans l’immédiat, il faudra que, en échange du sauvetage des compagnies aériennes et des constructeurs automobiles, l’Etat entre dans le capital de ces entreprises pour contrôler leur développement futur. (…)

Rien de tout cela ne sera possible sans un Front de Gauche ample et une convergence des luttes.(…)

il est nécessaire de:

renforcer, en moyens et personnel, les services publics, en particulier dans les domaines de la santé, de l'enseignement et de la justice;

relocaliser l'économie, en rapatriant la production de nombre de produits essentiels, et en mettant fin aux dogmes éco-destructeurs de la “flexibilité” ou du just in time;

repenser une politique rationnelle de mobilité, en favorisant les emplois de proximité, le transport ferroviaire et fluvial, le transport public et les “moyens doux” (marche, vélo...);

taxer les grandes fortunes (proposition PTB) et les multinationales, en particulier les GAFAM1 (proposition Macron). (…)

À propos de la taxe sur les grandes fortunes, le PCB la considère comme une étape indispensable vers l’abolition des grandes fortunes, le réel objectif devant être le contrôle des salaires et autres rémunérations des patrons et cadres supérieurs, ainsi qu’une meilleure progressivité des taux d’imposition et la globalisation des revenus, ce qui aurait pour effet de resserrer de manière drastique les écarts salariaux. Cette taxe ne devrait donc surtout pas être utilisée pour entériner l’existence des grandes fortunes. (…)

Principales revendications des communistes
….
Large réappropriation collective du crédit et des moyens de production

Répartition équitable du travail et des richesses

Refinancement de l’enseignement, qui doit être entièrement public12
….
Viser à l’union de la gauche


Pas une seule référence à une analyse marxiste, aucun matérialisme historique….

Le “texte plutôt politique” est simplement une description, pas une analyse de classe, pas des objectifs de lutte qui expriment les intérêts des travailleurs sans égard à la «légalité» bourgeoise, aux possibilités ou aux conditions de cette "légalité" bourgeoise.
C'est un programme (électoral?) des réformes:
- Soit des limites sont imposées à l'avance aux ouvriers dans le développement de la lutte
- Soit il s'agit de propager une IMAGO «de gauche» et «sociale», destinée à… .. gagner des VOTES aux élections
  * Alors: c'est ce que l'on promet de faire si l'on a le pouvoir gouvernemental….
  * ou il s'agit de ce qui est promis un fois dans le parlement "de mettre toujours à l'ordre du jour"
Une méthode de travail que l'on retrouve chez ... Henri De Man avec le Plan de Travail. (c'est ainsi qu'ils rejoignent "idéologiquement et politiquement" encore une fois le POB)
. Mais: pas de référence à la lutte pour le socialisme, pas même sous “un pouvoir des travailleurs” (… c'est ce que la fraction “proposait” d'utiliser comme meilleure formulation que “dictature du prolétariat”)

À propos du marxisme, ou “socialisme scientifique” basé sur le matérialisme historique

L'avantage des intrigues de la fraction est qu'elle a réorienté les communistes pour étudier réellement Marx, Engels et Lénine.
À propos de la “POUVOIR” de la CLASSE des travailleurs…. Que vous parliez de “pouvoir”, de “gouvernement”,…. ou “dictature”, que vous parliez de CLASSE ouvrière, de CLASSE travailleuse ou… de “prolétariat

Et il ne s'agit pas de "pensée marxiste" ou de "philosophie" ... mais de "socialisme scientifique" ... ou de "matérialisme historique"

De “La guerre civil en France”. (Marx)

La multiplicité des interprétations auxquelles la Commune a été soumise, et la multiplicité des intérêts qu'elle a exprimés montrent que c'était une forme politique tout à fait susceptible d'expansion, tandis que toutes les formes antérieures de gouvernement avaient été essentiellement répressives. Son véritable secret, le voici : c'était essentiellement un gouvernement de la classe ouvrière, le résultat de la lutte de la classe des producteurs contre la classe des appropriateurs, la forme politique enfin trouvée qui permettait de réaliser l'émancipation économique du travail.(…) Oui, messieurs, la Commune entendait abolir cette propriété de classe, qui fait du travail du grand nombre la richesse de quelques-uns. Elle visait à l'expropriation des expropriateurs. Elle voulait faire de la propriété individuelle une réalité, en transformant les moyens de production, la terre et le capital, aujourd'hui essentiellement moyens d'asservissement et d'exploitation du travail, en simples instruments d'un travail libre et associé. Mais c'est du communisme, c'est l' “impossible” communisme!

De “Socialisme utopique et socialisme scientifique”. (Engels)

- RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE. - Résolution des contradictions: le prolétariat s'empare du pouvoir public et, en vertu de ce pouvoir, transforme les moyens de production sociaux qui échappent des mains de la bourgeoisie en propriété publique. Par cet acte, il libère les moyens de production de leur qualité antérieure de capital et donne à leur caractère social pleine liberté de s’imposer. Une production sociale suivant un plan prédéterminé est désormais possible. Le développement de la production fait de l’existence ultérieure de classes sociales différentes un anachronisme. Dans la mesure où l’anarchie de la production sociale disparaît, l’autorité politique de l’État entre en sommeil. Les hommes, enfin maîtres de leur propre socialisation, deviennent aussi par là même, maîtres de la nature, maître d’eux-mêmes, libres.
Accomplir cet acte libérateur du monde, voilà la mission historique du prolétariat moderne. En approfondir les conditions historiques et par là, la nature même, et ainsi donner à la classe qui a mission d’agir, classe aujourd’hui opprimée, la conscience des conditions et de la nature de sa propre action, voilà la tâche du socialisme scientifique, expression théorique du mouvement prolétarien.

Du Manifeste du Parti Communiste (Marx et Engels)

Il est grand temps que les communistes exposent à la face du monde entier, leurs conceptions, leurs buts et leurs tendances; qu'ils opposent au conte du spectre communiste un manifeste du Parti lui-même. (…)
L'histoire de toute société jusqu'à nos jours 3 n'a été que l'histoire de luttes de classes.
Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande 4 et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte.
Dans les premières époques historiques, nous constatons presque partout une organisation complète de la société en classes distinctes, une échelle graduée de conditions sociales. Dans la Rome antique, nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves; au moyen âge, des seigneurs, des vassaux, des maîtres de corporation, des compagnons, des serfs et, de plus, dans chacune de ces classes, une hiérarchie particulière.
La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d'autrefois.
Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat.(…)
De toutes les classes qui, à l'heure présente, s'opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique.

Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu'elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l'envers la roue de l'histoire. Si elles sont révolutionnaires, c'est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat. (….)
Toutes les classes qui, dans le passé, se sont emparées du pouvoir essayaient de consolider leur situation acquise en soumettant la société aux conditions qui leur assuraient leurs revenus propres. Les prolétaires ne peuvent se rendre maîtres des forces productives sociales qu'en abolissant leur propre mode d'appropriation d'aujourd'hui et, par suite, tout le mode d'appropriation en vigueur jusqu'à nos jours. Les prolétaires n'ont rien à sauvegarder qui leur appartienne, ils ont à détruire toute garantie privée, toute sécurité privée antérieure.
Tous les mouvements historiques ont été, jusqu'ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l'immense majorité au profit de l'immense majorité. Le prolétariat, couche inférieure de la société actuelle, ne peut se soulever, se redresser, sans faire sauter toute la superstructure des couches qui constituent la société officielle. (…)
Pratiquement, les communistes sont donc la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui stimule toutes les autres; théoriquement, ils ont sur le reste du prolétariat l'avantage d'une intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien.
Le but immédiat des communistes est le même que celui de tous les partis ouvriers : constitution des prolétaires en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique par le prolétariat. (…)

En ce sens, les communistes peuvent résumer leur théorie dans cette formule unique : abolition de la propriété privée. (…)

Nous avons déjà vu plus haut que la première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie.
Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l'Etat, c'est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la quantité des forces productives.
Cela ne pourra naturellement se faire, au début, que par une violation despotique du droit de propriété et du régime bourgeois de production, c'est-à-dire par des mesures qui, économiquement, paraissent insuffisantes et insoutenables, mais qui, au cours du mouvement, se dépassent elles-mêmes et sont indispensables comme moyen de bouleverser le mode de production tout entier.

Et Marx et Engels menaient déja une lutte idéologique avec des soi-disants “gauches” mais qui rejettaient l’essence du matérialisme historique …. pour enfin à emporter la conscience de son role révolutionnaire à ce qu’elle briserait pas les rélations de production capitaliste. Dans le Manifest du Parti Communiste:

2. Le socialisme conservateur ou bourgeois
Une partie de la bourgeoisie cherche à porter remède aux anomalies sociales, afin de consolider la société bourgeoise.
Dans cette catégorie, se rangent les économistes, les philanthropes, les humanitaires, les gens qui s'occupent d'améliorer le sort de la classe ouvrière, d'organiser la bienfaisance, de protéger les animaux, de fonder des sociétés de tempérance, bref, les réformateurs en chambre de tout acabit. Et l'on est allé jusqu'à élaborer ce socialisme bourgeois en systèmes complets.
Citons, comme exemple, la Philosophie de la misère de Proudhon.
Les socialistes bourgeois veulent les conditions de vie de la société moderne sans les luttes et les dangers qui en découlent fatalement. Ils veulent la société actuelle, mais expurgée des éléments qui la révolutionnent et la dessolvent. Ils veulent la bourgeoisie sans le prolétariat. La bourgeoisie; comme de juste, se représente le monde où elle domine comme le meilleur des mondes. Le socialisme bourgeois systématise plus ou moins à fond cette représentation consolante. Lorsqu'il somme le prolétariat de réaliser ses systèmes et d'entrer dans la nouvelle Jérusalem, il ne fait que l'inviter, au fond, à s'en tenir à la société actuelle, mais à se débarrasser de la conception haineuse qu'il s'en fait.
Une autre forme de socialisme, moins systématique, mais plus pratique, essaya de dégoûter les ouvriers de tout mouvement révolutionnaire, en leur démontrant que ce n'était pas telle ou telle transformation politique, mais seulement une transformation des conditions de la vie matérielle, des rapports économiques, qui pouvait leur profiter. Notez que, par transformation des conditions de la vie matérielle, ce socialisme n'entend aucunement l'abolition du régime de production bourgeois, laquelle n'est possible que par la révolution, mais uniquement la réalisation de réformes administratives sur la base même de la production bourgeoise, réformes qui, par conséquent, ne changent rien aux rapports du Capital et du Salariat et ne font, tout au plus, que diminuer pour la bourgeoisie les frais de sa domination et alléger le budget de l'Etat.
Le socialisme bourgeois n'atteint son expression adéquate que lorsqu'il devient une simple figure de rhétorique.
Le libre-échange, dans l'intérêt de la classe ouvrière ! Des droits protecteurs, dans l'intérêt de la classe ouvrière ! Des prisons cellulaires, dans l'intérêt de la classe ouvrière ! Voilà le dernier mot du socialisme bourgeois, le seul qu'il ait dit sérieusement.
Car le socialisme bourgeois tient tout entier dans cette affirmation que les bourgeois sont des bourgeois - dans l'intérêt de la classe ouvrière.


1Acronym de “Google, Apple. Facebook. Mycrosoft”.

2 Voir à ce sujet le Document politique adopté par le 36me Congrès, pp. 16-17.

3 Ou plus exactement l'histoire écrite. En 1847, l'histoire de l'organisation sociale qui a précédé toute l'histoire écrite, la préhistoire, était à peu près inconnue. Depuis Haxthausen a découvert en Russie la propriété commune de la terre. Maurer a démontré qu'elle est la base sociale d'où sortent historiquement toutes les tribus allemandes et on a découvert, petit à petit, que la commune rurale, avec possession collective de la terre, a été la forme primitive de la société depuis les Indes jusqu'à l'Irlande. Enfin, la structure de cette société communiste primitive a été mise à nu dans ce qu'elle a de typique par la découverte de Morgan qui a fait connaître la nature véritable de la gens et sa place dans la tribu. Avec la dissolution de ces communautés primitives commence la division de la société en classes distinctes, et finalement opposées. J'ai essayé d'analyser ce procès de dissolution dans l'ouvrage l'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, 2° édition, Stuttgart 1886. (Note d'Engels pour l'édition anglaise de 1888).
Haxthausen, August (1792-1866), baron prussien. Le tsar Nicolas Ier l'autorisa à visiter la Russie pour y étudier le régime agricole et la vie des paysans (1843-1844). Haxthausen écrit un ouvrage consacré à la description des vestiges du régime communautaire dans les rapports terriens de la Russie. (N.R.)
Maurer, Georg Ludwig (1790-1872), historien allemand; il étudia le régime de la Germanie et de l'Allemagne du moyen âge et fit un apport important à l'étude de la marche du moyen âge. (N.R.)

Morgan, Lewis Henry (1818-1881), ethnographe, archéologue et historien américain. Grâce aux nombreuses données ethnographiques accumulées au cours de son étude du régime social et de la vie des Indiens de l'Amérique, Morgan fonda sa doctrine sur l'évolution de la gens en tant que la forme principale de la société primitive. C'est à lui également qu'appartient la tentative de diviser en périodes l'histoire de la société primitive sans classes. Marx et Engels appréciaient beaucoup l'oeuvre de Morgan. Marx fit un résumé de son ouvrage la Société ancienne (1877). Dans son ouvrage l'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, Engels cite les données de fait fournies par Morgan. (N.R.)

4 Maître de jurande, c'est-à-dire membre de plein droit d'une corporation, maître du corps de métier et non juré. (Note d'Engels pour l'édition anglaise de 1888.)

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