La première phrase du “Capitale”
de Karl Marx:“La
richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production
capitaliste s'annonce comme une ‘immense accumulation de
marchandises’1.
L'analyse de la marchandise, forme élémentaire de cette richesse,
sera par conséquent le point de départ de nos recherches.”
Il existe un concept de
l'économie bourgeoise qui reflète quelque peu cette caractéristique
(‘immense
accumulation de marchandises’),
et c'est le Produit
Intérieur Brut (PIB).
Le PIB donne à un pays et au
cours d'une année donnée, l'expression monétaire des produits et
services produits dans ce pays à leur prix de vente
(... et ainsi ils deviennent des "marchandises" ...)
Les PIB peuvent également être
“additionnés” afin que vous puissiez parler, par exemple, du PIB
de l'UE, ou du PIB
de l'Afrique ou du
PIB de l'Amérique
du Sud. Dans les
tableaux de la Banque
Mondiale, les PIB
sont “additionnés” pour refléter le PIB
du MONDE au cours
d'une année donnée.
On parle de "croissance
économique" si
le PIB d'une année est supérieur à l'année précédente. Le degré
de “croissance
économique” est
exprimé en pourcentage
de “croissance” du PIB d'une année par rapport à l'année
précédente.
Les coûts, dépenses et revenus
encourus par un gouvernement d'un pays au cours d'une année donnée
sont exprimés en
pourcentage du PIB de cette année.
Une “augmentation” ou une
“diminution” et donc une “croissance” ou une “diminution”
des coûts, dépenses et/ou revenus ne signifie pas que ces coûts,
dépenses et/ou revenus ont augmenté ou diminué en leur valeur
monétaire. Mais bien que le
POURCENTAGE que forment ces coûts, dépenses ou revenus du PIB
a changé d'un an par rapport à l'année précédente. Et cela peut
aussi changer si les coûts, les dépenses ou les revenus restent les
MÊMES, mais quand le PIB a augmenté plus ou moins… ou même
diminué (en cas de crise aiguë).
Dans
une société capitaliste (la forme la plus élevée de l'économie
de MARCHANDISE), les soins de santé sont une “MARCHANDISE”.
Ainsi la
taille de la “croissance
économique”,
détermine la taille
(relative) de ces coûts, dépenses et ou revenus par rapport à
l'année précédente, par exemple,… et cela détermine
l'évaluation, par exemple, de l'UE de la politique d'un gouvernement
d'un pays, qui engage ces frais, dépenses et/ou revenus….
Ainsi aussi, les institutions
impérialistes internationales
(UE, FMI, OCDE,
...) font des évaluations, des "advises" et/ou des
directives aux pays (et classent les pays ") sur les politiques
de ces pays en fonction de combien
en pourcentage du PIB de ce pays (cette année-là) "coutent"
ces politiques.
Dans un pays, des “études”
et des “analyses”
sont alors réalisées, avec lesquelles les “décideurs”
(politiciens) sont “conseiller”….
Cela vaut aussi pour les “soins
de santé”…
Cela signifie que la politique pour les soins et le santé est
réduite à ses coûts et à l'évolution dans le temps de ces coûts
et cela par rapport à l'évolution du PIB (représentée par le
pourcentage que ces coûts en un an montants du PIB de cette
année-là)
Le pourcentage par rapport au
PIB et le pourcentage de “croissance” du PIB lui-même deviennent
finalement les SEULES mesures et la seule expression de taille
...
Le
CONTENU de la politique, la structure des soins de santé (la «valeur
d'usage») disparaissent à l'arrière-plan. Tout ce qui compte,
c'est le «coût» (la «valeur d'échange») et la façon dont il
évolue et par rapport à ce «coût» d'un autre pays ou
gouvernement….
Assurinfo N° 26 | Bulletin
hebdomadaire du 13 septembre 2012, “LES DEPENSES NATIONALES EN
SOINS DE SANTE” – 9 ième édition:
L'OCDE publie dans un de ses
rapports annuels une compilation actualisée d'indicateurs qui ont
trait aux systèmes de soins de santé dans les pays de l'OCDE2.
(...)
La Belgique a consacré en
2010 quelque 10,5 % du PIB aux soins de santé, soit 1 point de
pourcentage de plus que la moyenne des pays de l'OCDE (9,5 %) et 0,2
point de pourcentage de plus que la moyenne européenne. En 2010,
notre pays descend à la huitième place au classement européen. Les
Pays-Bas, la France et l'Allemagne forment encore et toujours le top
3 de ce classement avec des parts de respectivement 12,0 %, 11,6 % et
11,6 du PIB. Si l'on considère le montant des dépenses consacrées
aux soins de santé par habitant, la Belgique (3.430 euros en 2010)
fait également mieux que la moyenne de l'OCDE et se maintient de la
sorte à la neuvième place du classement européen. (…)
En 2002, l'OCDE proposait avec la
publication de "A System of Health accounts" (SHA) une
méthodologie et un instrument qui sont devenus la norme
internationale pour l'établissement des comptes nationaux du secteur
des soins. Dans le cadre de diverses communications obligatoires de
statistiques, le SPF Sécurité sociale a appliqué cette
méthodologie à la situation belge et collecté des données
détaillées relatives aux soins de santé et aux secteurs
apparentés.
Désormais, Assuralia se basera
sur les données chiffrées disponibles collectées par le SPF
Sécurité sociale3.
Cette nouvelle série de comptes
santé (belges) est établie à partir de l’année 2003. EUROSTAT
et l’OCDE ont également publié les résultats et rapports pour
les années d’observation 2003 à 2010. (…)
La part des dépenses en
Belgique est toujours supérieure à la moyenne européenne durant la
période 2003-2010.
Comme les dépenses de quasiment tous les pays européens baissent en
2010, la moyenne européenne connaît également un léger recul de
10,4 % en 2009 à 10,3 % en 2010. La Belgique enregistre un
pourcentage qui reste proche de ceux réalisés par la France, (11,6
%), l'Allemagne (11,6 %) et la Suisse (11,4 %) en 2010. (…)
En dépit du rythme de
croissance plus lent des dépenses en soins de santé entre 2005 et
2006, la croissance cumulée de ces dépenses (+35,4 %) a été
supérieure à celle du PIB (+28,3 %) entre 2003 et 2010. Cela
correspond à une croissance annuelle moyenne de 3,6 % pour le PIB
contre 4,4 % pour les dépenses en soins de santé.
“Evolution des dépenses des
soins de santé”, KCE reports vol.15B, Federaal Kenniscentrum
voor de Gezondheidszorg – Centre Fédéral d’Expertise des
Soins de Santé – 2005:
Problématique
Pour les décideurs, il est
capital de prévoir le plus correctement possible l’évolution
future des dépenses de soins de santé. Cette prévision est
importante dans tous les pays mais peut-être encore plus en Belgique
où un objectif budgétaire est défini a priori chaque année.(…)
Ces dernières années, les
dépenses de soins de santé ont été marquées par une croissance
accélérée et des dépassements réguliers du budget.
Cette évolution indique la nécessité d’une meilleure
compréhension des évolutions historiques afin dÊanticiper
judicieusement les évolutions futures à lÊaide des données
disponibles. Quelques conclusions peuvent maintenant être tirées de
cette étude, tant en ce qui concerne les données disponibles que
leur traitement en vue dÊune meilleure compréhension et dÊune
capacité d’anticipation.(…..)
Evolution des dépenses de santé
L'augmentation des dépenses
de santé au cours des dernières décennies, à la fois en termes
absolus et en pourcentage du PIB, est un fait dans presque tous les
pays industrialisés (tableaux 1 et 2).
Cette évolution est
considérée comme préoccupante par de nombreux décideurs, car il
est à craindre que si la tendance se poursuit, les pressions
budgétaires sur les soins de santé deviendront insoutenables
et l'accessibilité financière de bons soins médicaux pour toutes
les couches de la population pourrait être compromise. La nécessité
d'une étude scientifique des déterminants des dépenses de santé,
qui devrait lui permettre d'estimer son évolution future et
d'évaluer l'impact possible des politiques de réduction des coûts,
se fait de plus en plus sentir.
Dans: “L'avenir des soins de
santé: diagnostic et remèdes”, François Daue Senior Fellow
Itinera Institute; David Crainich, chercheur au CNRS et professeur
extraordinaire à l'IESEG School of Management (Université
Catholique de Lille) – www.itinerainstitute.org:
L'évolution de la politique de
santé se caractérise par deux grandes périodes. (...)
La première vague: les vingt ans
de «croissance insouciante des soins» 1963-1982
Des années 60 au début
des années 80, l'objectif n'était que d'améliorer la qualité,
sans souci de coûts. Cela a entraîné une spirale des coûts du
système de santé.
Au cours des années 60 et
jusqu'au début des années 80, l'objectif principal de la politique
de santé était de maximiser la qualité sans la pression de
ressources limitées. Cette politique a été rendue possible par la
période de boom économique et le climat de confiance qui
caractérise cette période.
Le système de santé belge vit alors les années que nous pouvons
qualifier de «croissance insouciante des soins».
Cette maximisation de la qualité
sans contraintes de ressources s'est traduite par une augmentation
significative des coûts du système de santé due à quatre facteurs
principaux:
• une augmentation de la
demande résultant de la généralisation du système d'assurance
obligatoire et de la gratuité des soins hospitaliers pour tous les
citoyens. Bien que
le système d'assurance obligatoire date de 1945, le plus grand
changement ne s'est produit qu'avec l'introduction de la loi du 9
août 1963 qui étend la couverture de l'assurance maladie et en même
temps le libre choix du médecin et de l'hôpital, le paiement par
prestation et garantit une pratique médicale indépendante. De
nouvelles catégories de titulaires de droits avec des taux de
remboursement préférentiels sont en cours de création: veuves,
orphelins, retraités et invalides. La
loi de décembre 1963 introduit également le principe de la gratuité
des soins hospitaliers pour tous les citoyens.
• une augmentation de l'offre
qui s'explique, entre autres, par la très forte augmentation du
nombre de lits d'hôpitaux et la construction de nombreux complexes
hospitaliers.
• une augmentation qualitative
et quantitative des apports au secteur (ressources humaines,
médicaments).
• un système de
remboursement rétrospectif qui consiste à rembourser les hôpitaux
sur la base des coûts réels encourus.
En principe, la loi de 1963 prévoyait un tarif journalier uniforme
pour tous les hôpitaux, mais dans son article 9, cette loi donnait à
l'administrateur la possibilité de faire appel si ce montant
s'avérait insuffisant. Cette procédure d'exception devient
rapidement la règle et fait
ainsi exploser le prix de la journée d'allaitement et le nombre de
jours.
Les hôpitaux prolongent la durée
du séjour et négocient l'augmentation du tarif journalier avec le
ministère de la Santé.
La deuxième vague: les
vingt-cinq années “budgétaires”: 1982-2007
Au début des années 80, le
gouvernement a changé l'arme d'épaule en épaule. L'accent est
désormais mis sur le contrôle des coûts.
La période entre 1982 et 2007
est caractérisée par deux grands principes: le contrôle budgétaire
et la responsabilité financière:
Au début des années 80,
avec la montée du chômage, le ralentissement de la croissance et
les conséquences des deux crises pétrolières des années 70,
l'objectif premier que le gouvernement s'est fixé pour la santé
évolue. Alors que la politique se concentrait auparavant sur
l'expansion des services et des préoccupations offerts, l'accent est
désormais mis sur le contrôle des coûts.
Les
soins de santé comme "marchandise(s)", dont la croissance
du "coût" doit rester EN-dessous de la croissance qui peut
encore être réalisée dans la crise actuelle par des mesures qui
augmentent la compétitivité ...
L'historique et l'effet des
économies, la qualité et l'accessibilité et leur évolution,
l'effet à la fois sur la qualité et l'accessibilité des soins de
santé eux-mêmes et les conséquences pour la profession et
l'intensité et la rémunération de l'emploi en tant que travailleur
dans le secteur de la santé est pour une analyse ultérieure.
ICI, je ne parle que des dépenses
pour les soins de santé (globales) en tant que montant par rapport
au PIB en tant que montant.
J'ai trouvée les montants
concrets du PIB (par an) sur le site de la Banque Mondiale et les
chiffres de l'indice (par an - j'ai choisi au hasard le chiffre de
l'indice en mai de chaque année ...) à partir d'un site-internet
"fédérale". Les pourcentages des dépenses pour les soins
de santé qu'ils constituent du PIB des années consécutives
proviennent des deux documents/analyses officièĺs ci-dessus. Avec
cela, j'ai fait le tableau suivant…. après quoi j'ai fait les
graphiques (voir ci-dessous).
L'image
que la bourgeoise veut présenter dépend de la façon dont elle
présente les faits.
Si vous comparez l'évolution
des dépenses pour les soins de santé à l'évolution du PIB,
il (ne) SEMBLE (qu') en effet que les dépenses de santé
"explosent".
Mais si vous presentez les
dépenses de santé comme faisant partie du PIB (donc dans les
montants effectifs), cela peut donner une image réaliste d'une
petite partie du PIB qui va aux soins de santé et qui montre une
augmentation régulière, tout comme le PIB augmente également.
(bien que moins uniformément)
Mais si vous placez les
dépenses pour les soins de santé à 100 en 1970
et l'index à 100 en
1970, puis mettez côte
à côte l'augmentation annuelle de l'indice comme celle des dépenses
de santé, alors vous voyez l'augmentation des coûts pour les soins
de santé “suivent”
simplement l'indice, comme le font les prix (et les salaires) (sans
compter les "sauts"
de l'index pour les
salaires …).
Par exemple, les coûts d'achat de médicaments, de
matériel médical, de matériel (machines, etc.), la construction de
les bâtiments et l'ameublement des salles d'opération, par exemple,
les prix dont l'inflation est reflétée dans l'index, de même que
les salaires (sans compter les "sauts" de l'index) pour les
infirmières et le personnel de soin ... Cela se reflète dans le
comportement de suivre l'index des dépenses pour les soins de santé.
Ce ne sont pas tant les dépenses pour le santé qui explosent que
par exemple les bénéfices des monopoles pharmaceutiques ...
En fait, l'insinuation
"l'explosion les
dépenses pour les soins de santé"
n'est qu'un allibi pour défendre la "necessité
des économies"….
Mais
ce ne sont pas les dépenses pour les soins de santé qui EX-plosent,
c'est la croissance du PIB qui IM-plose!
C'est la crise chronique de
surcapacité du capitalisme depuis 1974 qui a ralenti la croissance
du PIB et même régulièrement RÉDUIT le PIB.
Par exemple, le niveau de
“croissance” du PIB est supérieur à 4% et AUGMENTE jusqu'en
1973, où il est
inférieur à 2,5% depuis
1973 et BAISSE à long
terme.
Là où la croissance économique
(et l'existence du socialisme dans une grande partie du monde, l'URSS
et la CHINE, l'Europe de l'Est, Cuba,…), le capitalisme avait
besoin d'un masse travailleur “calme et tranquille”, devait mener
à la croissance le développement de la sécurité sociale .. et
dans les années 1960, une “quasi-gratuité” des soins de santé,
à une main-d'œuvre “calme et tranquille”. Mais depuis la
surcapacité chronique de 1974, la concurrence pour les parts de
marché entre les grandes entreprises impérialistes, a rendu
“necessaire” que des économies sont réalisées autant que
possible sur les coûts de salaire de main-d'œuvre et tout ce qui
était lié aux coûts de salaire de main-d'œuvre…. Donc,
des coupes et économies dans la sécurité sociale et les soins de
santé.
La
lutte sera nécessaire… mais les victoires ne seront relatives et
temporaires que si le capitalisme n'est pas abordé lui-même
La “crise
sanitaire” actuelle
due au virus Corona rend très visibles les économies antérieures
dans les soins de santé et dans les établissements de soins. Elle
fait déclencher la lutte pour des soins de santé efficaces et
accessibles pour tous, avec une bonne équipement des travailleurs de
soins et de santé et de bonnes conditions de travail pour les
travailleurs du secteur de la santé et des soins.
La lutte pour le maintien en
emploi, pour plus de travail (et pas seulement dans les soins de
santé), pour de meilleurs salaires (et pas seulement dans les soins
de santé), contre l'effondrement de la sécurité sociale et des
soins de santé, ... elle se heurtera à la «logique» du
capitalisme face à la crise de surcapacité (auto-causée). Donc, si
une dure lutte mène à une certaine victoire et à un résultat…
elle sera toujours temporaire car le capitalisme remettra toujours
cela en question.
En fin de compte, la lutte mènera
à une lutte contre le capitalisme et à l'imposition du pouvoir de
la classe des travailleurs. Ce n'est que par le développement du
socialisme que les travailleurs pourront développer une autre
société qui pourra répondre aux besoins de chacun.
1Karl
MARX, Contribution à la critique de l’économie politique,
Berlin, 1859, p. 3.
2
OECD Health Data 2012’, OCDE, 28 juin 2012.
3
Pour le compte du SPF Sécurité sociale et du SPF de programmation
de la politique scientifique, il a également été demandé au
Hoger Instituut voor de Arbeid (HIVA) de soumettre à une étude
critique la méthodologie utilisée par le SPF Sécurité sociale et
de faire des suggestions pour l’amélioration de sa collecte
de
données. A cette fin, l’HIVA a utilisé des comptes santé
alternatifs et établi de nouveaux calculs :
«Gezondheidszorgrekeningen in België», onderzoeksrapport in
opdracht van de FOD Wetenschapsbeleid ten behoeve van de FOD Sociale
Zekerheid (Prof. dr. Jozef Pacolet et M. Borghgraef). L'itinera
Instituut a, en collaboration avec le Dr. Piet Calcoen, procédé à
une analyse détaillée des chiffres et de la méthodologie du SPF
Sécurité sociale et suggéré également quelques améliorations
(« De private uitgaven in de gezondheidszorg », avril 2012).
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